Quand l’on parle la question de la promotion de l’industrie locale, la question des barrières non tarifaires revient inexorablement sur la table : étant perçu comme une réconciliation entre nécessité d’ouverture du marché et protectionnisme « soft ». Nous avons abordé la question avec Dashmuk Kowlessur, directeur de la commission de la concurrence de Maurice.
Suite de l’entretien publié dans le JDA 13.
JDA : Comment la commission de la concurrence aborde-t-elle ces questions de protectionnisme ? Même si les commissions de la concurrence favorisent la saine concurrence et le libre marché, n’a-t-elle pas un devoir d’aussi protéger les marchés intérieurs ?
DK : L’ouverture de Maurice au commerce lors dernières décennies a contribué à sa croissance économique. En effet, les membres des plates-formes commerciales multilatérales ont félicité Maurice pour son soutien de longue date au système commercial multilatéral et pour le respect de la plupart de ses obligations de notification à l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Également, Maurice participe activement aux accords commerciaux régionaux (par exemple, le COMESA, la Communauté de développement de l’Afrique australe, l’Accord de libre-échange continental africain) et a conclu des accords de libre-échange avec la Chine, l’Inde et le Royaume-Uni. Le protectionnisme, qui fait référence aux politiques gouvernementales qui restreignent le commerce international pour aider les industries nationales, n’est pas compatible avec la position adoptée par le gouvernement pour le libre-échange et sera contre-productif pour l’adhésion de Maurice à ces accords commerciaux régionaux et plates-formes commerciales multilatérales. La Commission de la concurrence ne réglemente pas le commerce international et n’a pas son mot à dire sur les questions commerciales à moins que ces questions ne soient liées à la politique de la concurrence. Les questions de commerce international relèveraient du ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international.
JDA : Ce qu’il manque vraiment pour permettre l’émergence de la production locale, n’est-ce pas les barrières non tarifaires ?
DK : L’imposition de barrières non tarifaires par les gouvernements peut avoir des objectifs tels que la protection des industries locales, la prévention du dumping (vente des produits à des prix artificiellement bas – Ndlr), la protection du bien-être des consommateurs, la santé, l’environnement et d’autres objectifs politiques. Cependant, étant donné l’appartenance de Maurice aux plateformes commerciales multilatérales, aux accords commerciaux régionaux et son adhésion à leurs politiques, le protectionnisme et la mise en place de barrières non tarifaires ne seront pas compatibles avec l’ouverture de l’économie mauricienne. Il existe des moyens alternatifs et moins contraignants pour développer la production locale tels que l’amélioration de la productivité, de l’efficacité et de la compétitivité des entreprises locales. Pour ce faire, il faut veiller à ce que la concurrence s’exprime, en supprimant ou en réduisant les obstacles à l’entrée et à l’expansion, en veillant à ce que les entreprises en situation de monopole n’abusent pas de leur pouvoir de marché et en dissuadant les accords collusoires qui restreignent la concurrence et réduisent l’innovation.