Le 31 janvier dernier, le Mauritius Institute of Directors* et le Haut-commissariat du Royaume Uni ont donné rendez-vous au secteur privé pour un forum d’une demi-journée sur la sécurité alimentaire et le changement climatique.
PHOTO DR : Neeveditah Pariag-Maraye (chargée de cours à l’université de Maurice), Rebecca Espitalier-Noël(directrice générale de Foodwise), Dhiren Ponnusamy (directeur général du groupe Médine) et Medha Gunputh (Directeur du ministère de l’agro-industrie et la sécurité alimentaire).
Le forum a montré que le secteur privé semble à l’affût d’opportunités et de cadre régulateurs favorables à l’investissement alors que le secteur public se dit à l’écoute des entrepreneurs.
« Le défi est immense. Nous sommes tous témoins de changements de température, d’orages plus intenses, de précipitations de plus en plus irrégulières et de dommages aux cultures plus fréquents dus au stress thermique. Tous ces risques climatiques menacent sérieusement notre capacité à produire de la nourriture », a déclaré la Haute-commissaire du Royaume Uni, Charlotte Pierre, en introduction du forum, et rappelant par la suite que le Royaume-Uni souhaite apporter son expertise dans la sécurité alimentaire et accompagner Port-Louis dans sa réduction des émissions carbone.
« Nous devons supprimer les plafonds de prix de l’ère-covid »
Le secteur privé a été représenté par Dhiren Ponnusamy, directeur général du groupe Médine, acteur historique dans la production de cannes à sucre qui s’est diversifié dans l’agriculture vivrière et l’immobilier, entre autres. Pour lui : « Il serait judicieux d’identifier les produits de base essentiels que nous voulons produire localement, et fournir une bonne protection pour ceux-ci. Nous devons aussi diversifier nos sources d’importation pour le reste ». Rappelant l’impact du changement climatique, Dhiren Ponnusamy s’est aussi appesanti sur la nécessité d’investir dans l’infrastructure nationale : « la sécurité alimentaire passe obligatoirement par la sécurité de l’eau. Comme l’ont démontré les récents évènements, nous n’y sommes pas encore » et d’ajouter qu’il faut laisser s’exprimer les forces du marché : « Nous devons supprimer les plafonds de prix de l’ère-covid car ils nuisent aux agriculteurs et découragent la production et l’innovation. Ils ont aussi un effet dissuasif sur le stockage, qui a un coût que le plafonnement des prix ne peut pas absorber. » Il a aussi parlé de la nécessité de tirer partie de la technologie pour gagner non seulement en productivité mais aussi réduire le nombre d’intermédiaires inefficaces, cela au profit des agriculteurs.
La stratégie africaine de l’État n’a pas porté de fruits.
Medha Gunputh, directeur général du ministère de l’agro-industrie et de la sécurité alimentaire a déclaré que son ministère se tient à l’écoute du secteur privé et qu’il est disposé à accompagner autant que possible ceux qui ont des projets, à condition que ceux-ci le fassent savoir. Il a aussi reconnu que la stratégie africaine de l’État n’a pas porté de fruits, faute de connexion régulière avec le continent. En effet, plusieurs gouvernements ont essayé, sans succès, d’encourager la production agricole mauricienne en Afrique. Medha Gunputh rappelle cependant que le gouvernement accorde une grande importance à la sécurité alimentaire. Pour preuve, la première grande partie du dernier budget gouvernemental était consacré à l’agriculture, notamment à travers la mise en place de différentes subventions pour la promotion de l’agriculture à domicile ou par les petits planteurs individuels.
*Le MIOD est un institut privé chargé de former les administrateurs et directeurs d’entreprises aux meilleures pratiques de bonne gouvernance.