Le Journal des Archipels avait suivi régulièrement les étapes de cette course originale, première du genre avec ces voiliers de type Class 40, qui avaient fait escale à Maurice en août dernier.
A 19H41 UTC le 15 mars dernier, l’équipe hollandaise SEC HAYAI formée par Frans Budel et Ysbrand Endt a franchi devant Lorient (France) la ligne d’arrivée de la 8ème et dernière étape de la GLOBE40.
L’équipage anglo- américain AMHAS de Craig Horsfield et Oliver Bond l’avait précédé à 15H05 UTC après 19 jours de mer. Cette 2ème place de SEC HAYAI lui permet de remporter cette première édition de la GLOBE40 alors qu’AMHAS signait sa 3ème victoire d’étape ; deux petits points (33 et 35 points) séparent ces deux équipage saprès 8 étapes et 9 mois de course. Cette victoire de l’équipe batave été acquise à l’issue de 161 jours de mer et 33311 milles parcourus (soit plus de 53608 kilomètres NDLR) à 8,62 nœuds de moyenne.
Partis le 24 février de l’Ile de Grenade, les concurrents de la GLOBE40 avaient 3600 milles devant leur étrave dans cette transatlantique retour hivernale. Après une remontée vers le nord de l’arc Caraïbes ils se trouvaient englués pendant près d’une semaine dans une zone de calmes à proximité des Bahamas. Puis délivrés de ce triangle des Bermudes qui ne disait pas son nom les équipages ont dû se confronter dans leur route vers les Açores à une succession de dépressions puissantes générant des vents jusqu’à plus de 60 nœuds et des mers de 6 à 8 mètres. Arrivés à proximité de l’archipel des Açores où ils avaient une porte à franchir les équipes n’ont pas trouvé de conditions plus favorables et ont eu à affronter à nouveau une succession de dépressions qui font de cette étape la plus dure termes météorologiques, pire que dans les étapes de l’Océan Indien et du Pacifique. Un ultime et énorme coup de vent la veille de l’arrivée a même contraint les 2 premiers AMHAS et SEC HAYAI à ralentir volontairement pour éviter des creux de 10 m dans le Golfe de Gascogne. AMHAS signe ainsi une très belle 3ème victoire d’étape après celle de la 2ème étape de 7700 milles entre le Cap-Vert et l’Ile Maurice et celle de la 6 ème étape entre Ushuaia et Recife.
La victoire hollandaise est le fruit d’un travail et d’une construction rigoureuse et intelligente. Partant du constat que leur Class40 était le plus ancien de la flotte et théoriquement le plus lent, ils ont travaillé tous les aspects qui pouvaient leur permettre de compenser ce handicap initial : refit complet du bateau avant le départ, préparation technique en amont très complète, approche sportive visant plutôt la régularité ( une seule victoire d’étape , mais pas n’importe laquelle avec longue 3èmeétape de 7000 milles entre l’ile Maurice et Auckland) que les coups d’éclat, la qualité de vie à bord pour être capable de durer, une entente très forte entre les 2 skippers qui auront fait l’intégralité du parcours ensemble, et enfin une forte complémentarité de personnalités entre Frans qui a apporté tout son enthousiasme et sa rigueur de chef d’entreprise et Ysbrand professionnel qui a su porter sportivement l’ensemble du projet.
SEC HAYAI : une équipe à l’image de la GLOBE40.
Cette équipe est bien à l’image de la GLOBE40 telle qu’elle veut se construire à l’issue de cette première. Les deux vainqueurs ne cachent d’ailleurs pas leur volonté de revenir sur l’épreuve pour la seconde édition avec un Class40 neuf ou plus récent dont la recherche est déjà en cours. Multipliant les places de seconds au début de l’épreuve, l’appétit de Frans et d’Ysbrand a grandi au fur et à mesure pour se dire finalement que le meilleur était possible. Leur victoire démontre aussi que la performance sur un tour du monde doit s’appréhender de manière différente des autres courses au large et en particulier des transatlantiques : il faut durer, il faut gérer la succession des avaries qui ne manquent pas, il faut avoir la force psychologique pour surmonter les inévitables chutes de régime, il faut être capable de se reconfigurer dans des étapes quelque fois très courtes en raison des aléas. Tout cela SEC HAYAI a su parfaitement le gérer en affichant toujours une bonne humeur communicative en mer comme à terre. Et au final une victoire exemplaire qui honore cette première édition de la GLOBE40.