A La Réunion, ce sont essentiellement des micro-entreprises qui soutiennent le développement du tourisme vert dans les Hauts de l’île. Petits porteurs de projets, gîtes et tables d’hôtes, guides indépendants… Ils font un travail de fourmi, avec des projets à taille humaine qui permettent de doper l’offre d’hébergement et de loisirs touristiques tout en préservant les paysages, la faune et la flore remarquables de l’île. Certes, il existe aussi des projets de plus grande envergure, notamment hôteliers. Mais ce ne sont pas eux qui contribuent le plus à l’essor de ce tourisme particulier. Ce sont bien les petites structures, qui mettent en avant la vraie richesse de l’île : son authenticité.
Par Olivier Pioch
Photographie Pierre Marchal
Ces deux dernières années, la profession a beaucoup souffert de la crise Covid. De nombreux guides sont partis chercher un Eldorado ailleurs. D’autres ont mis la clé sous la porte. Sans compter la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), qui ne font pas vraiment le même métier mais grignotent une part non négligeable du marché !
« La période a été très compliquée », admet Mathieu Pitou, président de l’association réunionnaise des guides et accompagnateurs touristiques (ARGAT), qui compte 27 membres dans ses rangs contre 47 l’an dernier.
« C’est précisément dans ces moments qu’il faut s’interroger sur nos métiers, se réinventer, nouer des partenariats avec les structures touristiques et les musées, continuer de se former pour apporter de la valeur ajoutée à nos clients. »
Lui-même guide-conférencier, M. Pitou est bénévole au sein de l’association Au Bon Accueil du Tévelave. Il y propose des visites guidées de son village natal sur des vélos à assistance électrique.
Petites structures, gros potentiel !
« Ça marche très fort ! On va décliner la formule sur un circuit aux portes du Parc national et sur un autre circuit au champ où les clients pourront acheter des paniers de fruits et légumes frais auprès des producteurs maraîchers. »
Rester agile, savoir se réinventer, proposer sans cesse de nouveaux produits et de nouvelles prestations… Autant d’obligations qui sont aussi les clés du succès dans un marché du tourisme soumis à tous les aléas et donc fragile par définition.
Reste que l’île intense a beaucoup d’atouts dans sa manche. Ecrin d’exception, ses « pitons, cirques et remparts » sont inscrits depuis douze ans au patrimoine mondial de l’Unesco. Le Parc national, créé en 2007, couvre plus de 76 % de la superficie de l’île (42 % pour le cœur de Parc, où toute activité économique est proscrite).
Le Département gère plus de 100.000 ha de sites protégés au titre des espaces naturels sensibles (ENS). Et l’Etat administre 335 zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF). Un millefeuille institutionnel qui protège efficacement ce patrimoine naturel en dissuadant les opérateurs touristiques les moins scrupuleux.
Certes, la réglementation est contraignante. Mais le développement touristique reste possible, via une troisième voie qui consiste à faire des habitants les principaux promoteurs d’un tourisme raisonné, respectueux des paysages et du cadre de vie, en accord avec l’identité des territoires.