Intervenant dans le cadre de notre dossier sur les nouvelles énergies sur notre magazine, Pierre Baissac* explique pourquoi l’incinération des déchets n’est pas la bonne solution.
À la place de l’incinération, Pierre Baissac promeut le compostage, le tri, le recyclage ainsi que la réduction des déchets : « Ces déchets organiques peuvent tous servir à meilleur escient dans un tri et dans un compostage car on a un énorme problème à Maurice avec l’utilisation d’engrais et de pesticides. Si on veut assainir ce système, on en aura bien besoin de compost. La terre a été saccagée par les méthodes de culture, par le lessivage des sols, par les produits agrochimiques et on a un besoin considérable de produits naturels. Il y a une filière et une question de coût à voir. Cela coûtera cher à un point X, mais la rentabilité sera considérable sur le long terme. » Reconnaissant que la plupart des entreprises agricoles ne peuvent se permettre ces investissements car « elles ont une fenêtre de temps limité » en dehors de laquelle se trouve l’écologie, Pierre Baissac estime qu’il est impératif que l’État subventionne. « Les entreprises seules ne peuvent pas se le permettre », reconnaît-il.
Cela emmène à une discussion qui est fondamentale. Celle de la définition de l’énergie : on a la mauvaise habitude de considérer comme énergie que celle qui produit de l’électricité. « Un écosystème, c’est un mouvement d’énergie dans tous les sens », rappelle Pierre Baissac. « Un sol qui s’est appauvri a perdu son énergie productrice. Quand vous convertissez tous vos déchets biologiques en compost, vous faites un apport énergétique à votre agriculture. Il faut donc commencer à définir l’énergie, autrement vous êtes perdu ! » Pour lui, le Waste-to-energy en se référant à la première définition, limitée, « à Maurice ? Oubliez ! La deuxième ? Absolument à mettre en place ! »
*Pierre Baissac, 74 ans, est toujours actif professionnellement car l’écologie est son métier et sa vie. «Je ne suis pas écolo mais écologiste», explique-t-il. Pierre Baissac a fait ses études aux États-Unis et en Afrique du Sud, en zoologie, spécialisé dans les animaux marins. Il est titulaire d’une maîtrise (zoologie) de l’université du Cap. Il a dirigé des projets d’aquaculture à Maurice et en Afrique du Sud. En 1994, il devient directeur du développement de la Mauritian Wildlife Foundation, responsable, entre autres, du développement et la gestion des projets de conservation à Maurice et à Rodrigues. En 2006, il lance son entreprise Diospyros et devient écologiste consultant. Il est actuellement président de la Société d’Arts et Sciences de Maurice, fondée en 1829. Cette Société a été décrétée «Royale» par la reine Victoria.