Ce sujet, qui fait la triste réputation du pays depuis de nombreuses années, semble enfin pris au sérieux par la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable.
Par nos correspondants à Madagascar : Tsirisoa Rakotondravoavy & Liva Rakotondrasata
Photographies : MEDD
Pour Baomiavotse Vahinala Raharinirina : La question de la déforestation est une question centrale et je profite de l’occasion pour annoncer qu’une grande réforme est en cours avec le projet “Madagasikara Rakotr’ala” ou “Reverdir Madagascar”. C’est la première fois depuis pratiquement 60 ans que nous avons une politique environnementale axée sur les résultats et une politique de reboisement qui repose sur la professionnalisation. Nous travaillons pour garantir l’implication de tous et aussi pour un reboisement utile et de proximité.
Durant de longues années nous avons investi dans les reboisements, mais qui restaient souvent des événements annuels sans suivi responsable. L’approche que nous adoptons actuellement est totalement différente. Il s’agit de promouvoir le reboisement de proximité et utile, c’est-à-dire, plantons ce dont nous avons besoin, impliquons les communautés de base et obtenons un réel engagement citoyen. Ainsi, quand un groupe de personnes effectue une action de reboisement, il s’occupe aussi de l’entretien, de mettre en place les pare-feu et n’attend pas que l’Etat fasse tout à sa place une fois le jour du reboisement terminé.
L’autre changement à signaler est qu’une campagne d’information est menée pour expliquer aux populations qu’il ne s’agit pas seulement de reboiser, mais que nous devons aussi restaurer ce qui a été détruit. Madagascar s’est engagé sur dix ans à restaurer 4 millions d’hectares de paysage forestier qui ont été complétement détruits. C’est un défi de taille mais nous sommes fortement engagés et déterminés.
« 99 % des aires protégées n’avaient pas de réserves d’eau pour faire face aux incendies »
Nous avons également l’obligation de conserver la biodiversité qui est le 4ème pilier de ce “Madagasikara Rakotr’ala”. Il s’agit de mener une lutte sans merci contre les feux de brousse. Tous les efforts que nous menons ne servent à rien si les feux de brousse demeurent un phénomène récurrent. Sur ce point, le ministère de l’Environnement et du développement durable a mis en place une nouvelle approche, méthodologie, mais aussi la mobilisation d’outils nouveaux. Nous travaillons dorénavant sur la météo des feux, des prévisions que nous partageons avec les responsables au niveau des régions, des districts, communes et Fokontany, pour une mobilisation et surtout une anticipation. Nous faisons aussi appel aux gestionnaires des aires protégées et au secteur privé pour accompagner les entités publiques dans la gestion des feux à travers notamment le financement de moyens, chose que nous n’avons pas fait ces longues années. Vous ne me croirez pas si je vous dis que 99 % des aires protégées n’avaient pas de réserves d’eau pour faire face aux incendies. Aussi, tout cela est en passe d’être revu, avec une amélioration des méthodes de travail, une meilleure coordination de tous les acteurs. Nous avons énormément d’acteurs de la conservation à Madagascar avec des flux financiers allant jusqu’à 1 milliard de dollars ces 20 dernières années. Et, pourtant, les résultats sont loin d’être à la hauteur de nos espérances. Je n’hésite pas à le dire. Le secteur environnement a connu un échec pendant 20 ans. Maintenant, nous redressons la situation.