La pêche, une des plus vieilles activités de l’homme, peut être source de développement harmonieux quand elle est pratiquée dans le respect des écosystèmes et des populations.
Le groupe Pêche Avenir présente un nouveau palangrier congélateur qui veut s’inscrire dans cette dynamique.
Le « Manohal », a quitté la darse du port de la Pointe des Galets (La Réunion) la darse du Port, direction les TAAF pour y pêcher l’espadon et d’autres espèces pélagiques. C’est le second palangrier congélateur de ce genre affrété par l’armement réunionnais Pêche Avenir qui confirme ainsi ambition de développer sa propre filière locale de poissons pélagiques congelés.
Après un mois et demi passé en mer, la cale du Manohal devrait, à son retour au Port début novembre, contenir quelque 40 tonnes de poissons. « Principalement de l’espadon, mais aussi d’autres pélagiques (thon, marlin, dorade, voilier, lancier…) pêchés à la palangre au large des îles Eparses, qui, rappelons-le, font partie des TAAF : les Terres australes et antarctiques françaises », annoncent le capitaine Dan Frigout et son second Patrick Collet.
Particularité de ce poisson : à peine pêché, il aura été congelé et stocké à – 35° directement sur le Manohal. « Durant plus de trois mois, une quinzaine d’ouvriers espagnols et réunionnais (de la société Piriou) se sont succédé pour réaménager ce navire autrefois dédié à la pêche fraîche », raconte Laurent Virapoullé, le directeur général de Pêche Avenir. Plus de 1,2 million d’euros ont été investis pour financer la rénovation de cet ancien « bateau chinois », l’un des six navires dont Pêche Avenir a fait l’acquisition en 2014 suite à une série de faillites dramatiques qui avaient, à l’époque, fait les gros titres de la presse locale.
Transformation et commercialisation fin 2022
En 2017, un premier de ces bateaux, le Clipperton avait déjà été remis à l’eau avec une vocation équivalente. « L’expérience acquise sur le Clipperton nous permet d’envisager environ 200 tonnes de poissons par an avec le Manohal. De quoi alimenter encore davantage le marché réunionnais en pélagique congelé. Notre volonté ultime est de substituer la pêche locale à une partie de l’import venu d’Asie du Sud-Est pour un coût de revient quasiment identique… et une qualité bien supérieure ! », se félicite Laurent Virapoullé. Ce dernier explique s’être appuyé sur les bénéfices réalisés dans la pêche à la légine, depuis bientôt vingt ans, pour investir dans la modernisation de ces palangriers.
Mais son ambition ne s’arrête pas à la seule pêche : « Grâce à nos trois bateaux (deux en pélagique, un en légine), nous atteindrons bientôt 1 000 tonnes de poissons par an. Soit la taille critique pour investir dans notre atelier de transformation, au Port. Et, de la sorte, avoir la capacité de fournir en direct les GMS de l’île… et notre propre boutique à quai ! » Ce n’est pas le cas actuellement : le poisson débarqué est pour l’heure découpé et conditionné par un intermédiaire, avant d’être distribué sous la marque « Pêché pour vous », créée l’année dernière. Cette phase finale de transformation et de commercialisation, qui marquera l’aboutissement du projet global développé par Pêche Avenir, devrait se concrétiser fin 2022.
A propos de Pêche Avenir
Le groupe de pêche réunionnais Pêche Avenir a vu le jour en 2002, sous l’impulsion de son actuel directeur général, Laurent Virapoullé. Pendant une quinzaine d’années, les équipages du Saint-André se sont focalisés sur la pêche à la légine. En 2017, un projet de diversification est initié avec la mise en service du premier palangrier congélateur pélagique, le Clipperton. Désormais, avec le renfort du Manohal, Pêche Avenir déploie une flotte de 3 navires et compte au total près de 75 salariés, dont plus de la moitié ont été formés à l’Ecole d’apprentissage maritime de La Réunion. Le groupe est par ailleurs actionnaire (34 %) de la filiale locale de Piriou, société de réparation navale.