Échantillonnage d’ADNe sur le banc Saya de Malha dans l’océan Indien
Photos Tommy Trenchard / Greenpeace
Nos lecteurs suivent régulièrement le périple de Shaama Sandooyea*, seule scientifique mauricienne à bord de l’Artic Sunrise de Greenpeace.
Après un mois de mission, elle explique pourquoi selon elle, l’économie bleue sera un mythe tant que nous nous ne règlerons pas d’abord les menaces qui pèsent sur l’océan.
« La notion de l’économie bleue est basée sur le même concept que le système économique actuel, c’est-à-dire, tirer du profit des ressources naturelles. Pour moi, l’économie bleue est un mythe utilisé par les décideurs et politiciens pour faire croire à un sauveur qui pourrait “booster” l’économie d’un pays, améliorer le contexte social et protéger l’environnement marin. Cependant, nous savons tous que les aspects sociaux et environnementaux sont ignorés, et donc, à qui profite cette “économie bleue” ?
Nous devons avant tout nous demander, quelles sont les menaces qui pèsent sur l’océan ? Nous avons la surexploitation des ressources naturelles (la pêche industrielle, l’exploration gazière et pétrolière), la pollution marine et maritime (plastique, chimique, sonore, aquaculture, espèces envahissantes), la crise climatique et le déclin de la biodiversité. Les activités qui amplifient ces menaces sont pratiquées à une échelle industrielle, au détriment des communautés locales, et elles sont liées au profit.
L’océan a besoin que nous le laissions tranquille
D’après le rapport de l’IPBES publié en 2019, 66% de l’environnement marin a été modifié de manière considérable par les activités humaines, 55% des océans sont victimes de la pêche industrielle et plus de 40% des amphibiens, 33% des coraux formant des récifs, 33% des requins et plus d’un tiers des mammifères marins sont en danger d’extinction. 300-400 millions de tonnes de métaux lourds, de produits chimiques toxiques et d’autres déchets des installations industrielles sont déversées dans les eaux chaque année.
L’océan est un bien commun et les habitants des régions côtières et des îles en dépendent chaque jour. L’océan n’a pas besoin d’aquaculture, ni d’éoliennes, ni de “pêche industrielle durable” pour se rétablir — il a besoin que nous le laissions tranquille.
*Shaama Sandooyea a reçu sa formation en sciences marines environnementales à l’Université de Maurice avant d’intégrer le Marine Conservation Centre du groupe Attitude, puis récemment l’ONG Greenpeace. Elle est passionnée par l’océan et l’observation de la faune marine. Shaama a pris un engagement personnel : “To always protect and defend the ocean”.