La région du sud-ouest de l’océan Indien qui comprend l’Union des Comores, La Réunion, Maurice, Madagascar, et les Seychelles abrite une biodiversité exceptionnelle marquée par des taux d’endémisme très élevés. Ce hot spot (ou point chaud) n’échappe pas à la triste dynamique mondiale. L’IUCN et la Global Wildlife Conservation considèrent, par exemple, que 95% des espèces de lémuriens sont menacées dans les forêts malgaches et quasiment toutes les espèces d’oiseaux endémiques de Maurice sont considérées comme menacées. C’est ainsi que l’Agence française de développement (AFD) a conçu et financé le programme Varuna pour freiner cette érosion de la biodiversité. Après une phase de concertation et de co-développement du programme, la maitrise d’ouvrage a été confiée à Expertise France installée à Antananarivo et à Paris, en janvier 2022 pour coordonner les huit projets qui composent Varuna, cela pour un budget total de 10 millions d’euros.

PHOTO (Alexandre Karghoo) : Le Morne, au sud-ouest de l’Ile Maurice sera le site d’un programme de replantation de mangroves sous la responsabilité d’Odysseo avec le soutien de son partenaire, l’ONG Association Developpement Durable.

3 axes d’intervention et 8 projets

Le programme Varuna est organisé autour de trois grandes composantes : 1. Structurer des réseaux d’acteurs régionaux pour inciter des efforts coordonnés de préservation de la biodiversité. 2. Soutenir l’intégration des enjeux de transition écologique auprès des acteurs économiques. 3. Encourager la contribution de la recherche aux dialogues sciences et société à propos de la biodiversité. Chaque axe comprend deux à trois projets portés par un ou plusieurs partenaires implantés dans la région avec objectif commun : « Mettre la préservation de la biodiversité au coeur des nos décisions ».

AXE 1 – Structurer des réseaux locaux

  1. Rassembler les gestionnaires d’aires marines dans la région
    La structuration d’un réseau des gestionnaires d’aires marines (protégées, localement gérées ou à conservation volontaire) animé par Réserves Naturelles de France afin de mettre en commun les outils, les pratiques et les expériences de chacun et renforcer les capacités des acteurs locaux.
  2. Mobiliser les chercheurs autour du capital naturel
    Développer un réseau d’acteurs académiques sur la biodiversité et l’évaluation du capital naturel et des services écosystémiques par les universités des Mascareignes et de Maurice.
  3. Renforcer Le Dialogue Public-Privé
    Renforcer le dialogue entre acteurs publics, privés et de la société civile sur les enjeux de biodiversité, de capital naturel et de solutions fondées sur la nature est confié à Cap Business Océan Indien qui anime des plateformes régionales pour, entre autres, créer des outils de plaidoyer du secteur privé vers le secteur public.

AXE 2 – Accompagner le secteur privé

  1. Améliorer le pilotage des entreprises grâce à la comptabilité du capital naturel et les inciter à investir dans des solutions fondées sur la nature. Cap Business Océan Indien propose des formations aux outils de comptabilité environnementale, produit et diffuse des études sur l’impact du secteur économique local sur la biodiversité et accompagne des entreprises régionales sur leur stratégie de limitation de leurs impacts.
  2. Piloter le fonds business biodiversité océan indien* : Un appel à projets de 2,5 millions d’euros a été lancé pour apporter une aide financière à des initiatives du secteur privé, en partenariat avec les acteurs de la société civile, visant à limiter leur impact sur les écosystèmes et à intégrer la préservation de la biodiversité dans leur modèle économique. Ce projet est mené par Expertise France.

AXE 3 – Encourager le dialogue science-société

  1. Sensibiliser le grand public : Mobiliser différents outils de dialogue pour une meilleure gouvernance de la biodiversité : c’est le projet mené par l’Institut de Recherche pour le Développement qui met en place une exposition itinérante (conçue par le MNHN), forme au dispositif ePOP, produit des ressources numériques et anime des ateliers d’échanges et de formation à destination de la jeunesse, des populations locales, des journalistes, des administrateurs publics, des chercheurs et des acteurs de la société civile à Madagascar.
  2. Diffuser les connaissances sur la biodiversité par la revue Gecko : Dans un objectif de mise en valeur des connaissances issues de la recherche et des bonnes pratiques des acteurs de tout l’océan Indien, la conception et la diffusion par Les Naturalistes de Mayotte d’une revue de vulgarisation scientifique papier et numérique sur la biodiversité de la région permet de rapprocher décideurs, scientifiques et citoyens autour de ces enjeux.
  3. Repenser la gouvernance des systèmes forestiers : Renforcer les synergies entre conservation et valorisation de la biodiversité forestière, c’est le projet porté par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) sur trois sites à Madagascar et aux Comores. Au sein de laboratoires vivants territoriaux après une première phase de réalisation de collectes de données (littérature, entretiens, terrain …), des innovations techniques et sociales sont développées pour partager les pratiques et les visions afin d’améliorer la cogestion des paysages forestiers. Sur trois différents sites à Madagascar et en Union des Comores.

* 10 projets ont bénéficié d’un financement du Fonds Business Océan Indien. A lire dans la dernière édition du journal des Archipels.