L’ONG environnementale Eco-Sud, particulièrement présente et active dans le sud-est de l’ile Maurice, a publié le 29 octobre dernier une Position Statement (Déclaration de position ou Prise de position) pour plaider pour que les politiciens aspirant au pouvoir s’engagent à inscrire les « Droits de la nature » dans la législation mauricienne. Plusieurs ONG ont souscrit cette déclaration. C’est dans cette démarche de plaidoyer que l’organisation a organisé un débat public le lundi 4 novembre dernier, à The Docks, Port-Louis, à quelques jours des élections pour les législatives prévues le 10 novembre 2024.
Photo (Alexandre Karghoo) : Seuls deux partis ont désigné des représentants, preuve s’il le fallait que ce sujet n’est pas à l’agenda des partis mainstream mauriciens.
Des partis invités, Rezistans ek Alternativ (ReA), faisant partie de la coalition des parties mainstream d’opposition, et Lalit, petit historique de gauche, ont été les seuls à envoyer une représentante chacun pour le débat sur les Droits de la nature. Prouvant que ce sont les partis les plus à gauche du spectre politique mauricien qui se saisissent de ce sujet pleinement. Ces deux partis se revendiquent d’ailleurs à la gauche de la gauche alors que les partis mainstream sont actuellement dans une surenchère de mesures sociales, pour ne pas dire socialistes. La coalition du gouvernement sortant n’a pas envoyé de représentant et les petits partis non plus.
Les îles Chagos, une préoccupation écologiste ?
Rajni Lallah (Lalit) a affirmé le soutien de son parti, Lalit, pour l’inscription des droits de la nature dans la législation mauricienne. Elle a tenu à mettre de l’avant que le retour des îles Chagos à Maurice devait être pris en compte dans le combat pour préserver la nature. Car, devait-elle le rappeler, le pré-accord entre le Royaume-Uni et Maurice prévoit que la base militaire américaine de l’île de Diego Garcia reste en opération encore plusieurs années. La guerre et le militarisme, rappelle Rajni Lallah, sont des grandes causes de la destruction de la nature. Elle a longuement évoqué le « génocide » à Gaza et rappelant les dégâts aussi faits à l’environnement naturel et de l’innombrable quantité de déchets que produisent guerre et militarisme. Ainsi, il est de la « responsabilité » des Mauriciens de lutter pour démilitariser l’archipel, cela dans un souci aussi écologiste, argue-t-elle.
De son côté, Dr Babita Thannoo (ReA) candidate pour la coalition de l’opposition, a, elle, rappelé que les Britanniques ont aussi joué la carte de la protection de la nature pour s’opposer au repeuplement des îles Chagos par les Chagossiens expulsés il y a plus de 50 ans. Tout en soutenant le plaidoyer d’Eco-Sud, elle a rappelé qu’il y a un réel besoin de sensibiliser la population. Les deux candidates n’ont pas exprimé de points de désaccord. Rajni Lallah a aussi plaidé pour sortir de la surdépendance du pays de l’Immobilier pour attirer l’investissement étranger, car ce secteur en plein boom cause des dégâts importants à l’environnement naturel.
Quelques ONG signataires de la Déclaration de position ont pu s’exprimer durant le débat. Elles ont souligné l’importance de protéger la nature pour protéger les populations les plus vulnérables. Certaines ONG ont aussi martelé qu’il était important de promouvoir davantage de consultation publique sur les projets d’envergure à fort impact environnemental, dénonçant en se faisant le peu de considération dont font preuve les autorités à leur égard dans ces processus de consultation actuellement.