C’est le cri d’alarme lancé par le syndicat Sud Education Mayotte qui s’inquiète (à juste titre) de l’amalgame dont sont victimes les Mahorais dans le département de La Réunion. Si la montée exponentielle de la délinquance dans certaines communes réunionnaises est attribuée à des jeunes issus de l’archipel comorien (Mayotte et les Comores dans leur exemple), les élèves mahorais scolarisés dans le département voisin ne devraient pas être victimes de cet amalgame, d’après le communiqué transmis à notre rédaction le 27 janvier dernier :
« Suite au cyclone Chido qui a ravagé Mayotte et ses écoles le 14 décembre 2024, de nombreuses familles font le choix réfléchi d’envoyer leurs enfants terminer l’année scolaire dans d’autres académies, notamment à La Réunion. C’est ce moment que choisit Patrice Selly, maire de Saint Benoît, pour exprimer publiquement sa volonté de réduire les prestations familiales pour les familles qui accueilleraient ces jeunes Mahorais, sous prétexte que ces enfants sont mal éduqués et deviennent délinquants*.
Rappelons tout d’abord qu’à La Réunion, on confond historiquement les Mahorais et les Comoriens sous l’expression créole «bann Komor». Lorsqu’un délit est commis dans certains quartiers, la rumeur accuse systématiquement les Mahorais/Comoriens, sans attendre les conclusions de l’enquête, alors que la délinquance n’a pas attendu leur arrivée pour exister.
En cette période de rentrée scolaire d’été austral, 250 jeunes Mahorais doivent arriver à La Réunion pour y poursuivre leur année scolaire, au milieu de 120000 autres élèves. Leurs familles se préoccupent avant tout de leur instruction et ne comptent pas sur les prestations familiales, nettement inférieures à Mayotte par rapport à La Réunion. Or le maire de Saint-Benoît les désigne d’emblée comme des «mineurs isolés» et de potentiels délinquants. Il assure que ces prestations familiales créent un «appel d’air»…
*Source : Zinfos974 «Violences urbaines : des allocations soumises à un jugement ?» 20/01/2025