Comme Le journal des Archipels en a fait état, le centre d’enfouissement de Mare-Chicose est en proie aux flammes depuis le 6 novembre dernier. Les autorités peinent à maitriser cet incendie. Près de deux semaines plus tard, dépendant des vents, les Mauriciens de différentes régions de l’île, surtout ceux du centre et du sud, se plaignent de la fumée causée par cet incendie et font part de leur crainte sur l’impact de cette pollution de l’air sur leur santé. Face à cette situation, l’ONG environnementale Eco-Sud plaide pour une réponse citoyenne avec l’installation de capteurs indépendants.

PHOTO (DR) : Capture d’écran faite le 19 novembre. Eco-Sud a placé un capteur de PM2.5 à Rose-Belle, à environ 3 km à vol d’oiseau du centre d’enfouissement.

« Nous sommes toujours inquiets car tous les incendies de décharge sont potentiellement dangereux car ils peuvent libérer des fumées dangereuses provenant de la combustion d’un large éventail de matériaux contenus dans la décharge. Les composés organiques volatils, le sulfure d’hydrogène, le monoxyde de carbone, les dioxines et les furannes font partie des substances qui présentent des risques immédiats », avance un communiqué émis par l’ONG sur sa page Facebook, qui ajoute : « Malheureusement, il n’existe pas, sur le site de la décharge de Mare Chicose ou à proximité, de dispositifs officiels de surveillance de la qualité de l’air en temps réel, accessibles au public, qui permettraient de rassurer la population. »

Comme le mentionne Eco-Sud, le gouvernement mauricien gère un système moderne d’indice de qualité de l’air, mais il ne surveille pas et n’affiche pas les émissions de PM2.5.  Les PM 2.5 (particules fines de 2,5 micromètres ou moins) sont des particules en suspension dans l’air, suffisamment petites pour pénétrer profondément dans les poumons et atteindre la circulation sanguine. Elles proviennent notamment des émissions industrielles, des véhicules et des feux, et sont associées à des risques importants pour la santé, comme les maladies respiratoires et cardiovasculaires.

 

PHOTO (DR) : Caputure d’écran faite le 19 novembre. L’Etat mauricien gère un système moderne d’indice de qualité de l’air, mais il ne surveille pas et n’affiche pas les émissions de PM2.5. Qui plus est, ces capteurs ne sont pas tous opérationnels actuellement et ne se trouvent pas proches du centre d’enfouissement actuellement touché par un incendie. Mare Chicose se trouve dans l’est du pays.

 

« Une transparence essentielle pour informer et protéger les citoyens »

Selon l’ONG, le gouvernement surveille les émissions de PM2.5 à l’aide de ses unités mobiles, mais ces données ne sont malheureusement pas “en direct” ni mises à la disposition du public. Ainsi, après l’incendie de la décharge de Mare Chicose de novembre 2022, Eco-Sud et Communities Against Pollution (CAP, une ONG) se sont lancés dans un projet scientifique communautaire visant à collecter des données sur la qualité de l’air des PM2.5 à l’île Maurice. Deux moniteurs PM2.5 ont été installés à Grand-Baie (nord) et à Mahébourg (sud-est). Avec le nouvel incendie à Mare Chicose, un des moniteurs a été déplacé à Rose-Belle (à environ 3 km à vol d’oiseau) pour surveiller les émissions de l’incendie de la décharge. Les données sont consultables en direct sur un site dédié. A l’heure où nous mettons cet article en ligne, la qualité de l’air semble bonne mais un pic a été atteint le 17 novembre. Cette qualité de l’air dépend des vents.

Eco-Sud annonce qu’avec son partenaire CAP, elle souhaite placer des moniteurs indépendants permanents au nord, au sud, à l’est et à l’ouest du site de la décharge de Mare Chicose. Ces nouveaux moniteurs enregistreront les données relatives aux PM2.5, au dioxyde de carbone (CO2), aux composés organiques volatils (COV) et aux oxydes d’azote (Nox). L’ONG lance un appel au public pour participer financièrement ou à héberger ces capteurs.

« L’ambition est de placer des moniteurs au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de la décharge de Mare Chicose, un site au cœur des préoccupations environnementales actuelles. Ces dispositifs permettront de mieux comprendre la composition de la pollution atmosphérique et ses effets dévastateurs sur la santé, notamment les maladies cardiovasculaires et respiratoires. Ce projet promeut une transparence essentielle pour informer et protéger les citoyens, tout en mobilisant la société civile pour un avenir plus propre et plus sain », a déclaré Sébastien Sauvage, directeur général d’Eco-Sud. L’ONG a aussi invité la population à se munir de masques de type N95 pour se protéger des PM2.5.

 

 

Photo (Eco-Sud) : Le centre d’enfouissement de Mare Chicose est en proie aux flammes depuis le 6 novembre dernier. Le centre avait été touché par un précédent incendie en novembre 2022.