A propos de la problématique requins à La Réunion, le Journal des Archipels interroge les deux parties opposées sur le sujet : Jean François Nativel, alias shark killer et Didier Dérand, leur défenseur.
Suite de l’article paru sur otre édition du 29 mai dernier.

Par Jacques Rombi

Le sujet est compliqué, pour ne pas dire tabou à La Réunion. Il est compliqué à traiter pour la rédaction du Journal des Archipels, tiraillée entre ses nombreux amis surfeurs et autres victimes directes et indirectes des grands prédateurs et entre ses non moins autres amis défenseurs du noble animal. Aussi, laissant de côté le débat passionnel, nous avons fait le choix de ne pas prendre parti (même si nous restons convaincus que la disparition de ces grands prédateurs ne pourra qu’amplifier le dérèglement de la Nature, déjà bien entamé comme on le sait).
Nous avons pris comme trame de notre discussion les avis développés par deux experts Thomas Vignaud et Eric Cua. Ces deux biologistes marins, pour faire court, attribuent les attaques de requins sur l’homme à quelques rares requins déviants. Des animaux plus curieux que les autres, plus agressifs aussi, qui goûtent un peu tout ce qui bouge, dont l’homme !

Identifier et éliminer ces rares mangeurs d’hommes serait un début de solution, (bien que le risque zéro n’existe pas dans le vaste océan).
Lire le détail de leur thèse sur notre website :

https://www.lejournaldesarchipels.com/2021/06/08/comment-approcher-les-grands-requins-en-toute-serenite/

«L’espèce envahissante c’est d’abord l’homme !»

Pour Didier Dérand, président de l’association VAGUES Collectif “Requins en Danger à la Réunion”, le requin, notamment l’espèce bouledogue qui est responsable de la plupart des attaques sur l’homme à La Réunion (et ailleurs), ne doit pas être vue comme le bouc émissaire. Pour lui, l’espèce envahissante et destructrice de l’environnement, c’est d’abord, l’homme. Du coup la thèse développée par nos deux experts cités plus haut ne tient pas pour lui car elle nécessite une intervention de l’homme pour la régulation des populations de requins et il n’aurait rien à faire là, dans le milieu marin !». L’ex représentant local de la Fondation Brigitte Bardot*, reste fidèle à sa réputation anti-spéciste : le requin est bien chez lui dans les océans et tant pis pour les hommes qui veulent s’y frotter.

Notons qu’entre les deux parties : l’arbitre, en l’occurrence le préfet de La Réunion, dont la mission est justement de ne pas faire de VAGUES ! Difficile en effet pour lui d’interdire la pêche et de répondre à la population en colère si, par malheur, de nouvelles attaques surviendraient.

Alors quelle solution pour que les deux super prédateurs (l’homme et le requin) puissent cohabiter ? Nous lui avons parlé de la solution de l’écotourisme qui, non seulement permet de sensibiliser massivement sur le rôle des requins dans l’écosystème marin, tout en apportant des revenus substantiels aux populations locales qui du coup les protègent. Thomas Vignaud cite de nombreux bons exemples sur des spots de shark feeding, qu’il a lui-même développés avant de les transmettre aux locaux…
Pour Didier Dérand, cela peut être un début de solution, sauf que cela risque de modifier les comportements naturels des animaux : «les attirer artificiellement pourrait au contraire générer des risques d’accidents à cause de l’excitation alimentaire, on l’a vu récemment en Nouvelle Calédonie. Là-bas, des études ont démontré que le simple bruit des moteurs de bateau suffit déjà à attirer notamment les requins tigres. Excitation, stimulation artificielle organisée par l’homme, je dis non. On ne va pas nourrir les lions dans la savane pour les attirer, pourquoi le faire avec les requins ?»

Lire sur notre site tous les sujets relatifs aux requins et élastomobranches :

https://www.lejournaldesarchipels.com/page/2/?s=requins

*Didier Dérand a quitté la Fondation depuis que l’ancienne star de cinéma a tenu des propos délirants sur les Réunionnais.

* Centre Sécurité Requins, en charge de la pêche.

 (photo Gerald Schombs).