Dr. Anjara Saloma est l’actuelle présidente de Cétamada, la très active association pour la conservation des mammifères marins et de leur habitat à Madagascar et dans le sud-ouest de l’océan Indien. Une responsabilité de taille « baleinesque » qui n’impressionne pas outre mesure cette ambassadrice des mégafaunes marines.
Par Liva Rakotondrasata
Malgré sa jeunesse, cette cétologue reconnue a déjà à son actif plus de 10 ans d’expériences dans la conservation des mammifères et des habitats marins. Dr Anjara Saloma a intégré Cétamada en 2011 pour conduire notamment deux grands projets de recherche sur les baleines à bosse. Elle est également à l’initiative de la création du Centre Anjaranay qui dispense des formations à la population locale de l’île Sainte Marie, à l’est de Madagascar.
Alors biologiste responsable scientifique de l’association Cétamada, elle a consacré sa thèse sur la relation entre la baleine à bosse et son baleineau. Une thèse, soutenue en 2018, qui nous éclaire sur les secrets qui entourent la communication acoustique chez les mâles chanteurs de cette espèce et les sons sociaux produits par les femelles et leurs nouveau-nés. La manière dont la mère alerte le baleineau des dangers, notamment à l’approche des embarcations de pêche ou les bateaux des touristes, le déroulement de la naissance ou encore l’allaitement, se trouvent également dans les résultats de ses études qui ont nécessité des années de travaux. Pour elle, il y a encore tant à connaitre sur ces mammifères devenus mythiques et qui attirent les visiteurs étrangers par milliers. « Les différents débats ont donné l’impression que l’on savait tout sur les baleines à bosse. Pourtant, les scientifiques ont bien des mystères à éclaircir sur leur comportement social. D’où l’importance des congrès pour partager les recherches », constate-t-elle.
« L’économie bleue pour un développement durable ».
Justement, à propos de congrès, Dr Anjara Saloma et son équipe ne cachent pas leur fierté d’avoir tenu avec succès la troisième édition du Humpback Whale World Congress (HWWC) ou le Congrès mondial sur la baleine à bosse. Les assises ont été organisées du 6 au 10 mars 2023 à Santo Domingo, en République Dominicaine lire l’article complet sur notre édition précédente). Une première en dehors de l’océan Indien et qui a réuni tous les acteurs de la conservation et de la recherche scientifique afin de promouvoir les stratégies pour la préservation des baleines à bosse, d’une part, et de multiplier les réseaux de collaboration pour la progression de la science, d’autre part.
Durant cinq jours, de nombreuses présentations scientifiques portant sur différentes thématiques ont été organisées. Pour rappel, le HWWC, comme Cétamada, a vu le jour sur l’île de Sainte Marie. La première édition de l’événement, en 2015, était centrée autour de la baleine à bosse en tant que levier de conservation et de développement. La seconde édition s’est déroulée à La Réunion, en 2017, et a été axée sur les nouvelles approches interdisciplinaires pour comprendre et promouvoir la conservation des espèces migratrices. La troisième, quant à elle, a été dédiée à « L’économie bleue pour un développement durable ».
Sous la présidence du Dr Anjara Saloma, le rendez-vous de Santo Domingo a vu la contribution de l’Autorité Nationale des Affaires Maritimes de Saint Domingue (ANAMAR) ainsi que l’ambassade de France en République Dominicaine. On sait en outre que le congrès a été certifié par le programme de la Décennie des Nations Unies pour les Sciences Océaniques (UN Océan Decade).
Notons que 150 délégués venus de 28 pays ont participé à ce congrès.
« Génèrer des revenus directs pour les communautés locales ».
« La communauté scientifique internationale spécialisée dans la protection des cétacés et la conservation des océans est venue pour présenter les nouvelles connaissances ainsi que les perspectives de développement des aires marines protégées et les enjeux économiques pour des activités humaines durables en mer. Nous sommes satisfaits du résultat », a rapporté Dr Anjara Saloma.
C’est depuis le mois de février dernier qu’elle préside à la destinée de Cétamada. Durant son mandat de deux ans, cette ambassadrice des mégafaunes marines à Madagascar et dans la sous-région envisage de mener un programme ambitieux. Elle peut compter pour cela sur la contribution active des membres de l’association et, surtout, celles et ceux qui constituent le conseil d’administration à l’instar de Dr. Schédir Marchesseau, vice-présidente, Catherine Dupouy alias Kate, trésorière, Ermes Alberghini et l’incontournable François-Xavier Mayer, alias Fifou, l’entrepreneur et consultant en tourisme et développement durable qui est avant tout un amoureux de la biodiversité marine.
Cétamada s’occupe également de l’encadrement et la promotion d’un écotourisme durable, de l’éducation et de la sensibilisation à l’environnement et au patrimoine marins, ainsi que du développement d’activités communautaires. L’association (soutenue par Le Journal des Archipels) travaille pour cela en collaboration avec les chercheurs, les ONG et les institutions, les opérateurs économiques et les autorités locales et nationales. Sans oublier la forte implication des populations locales. « Nous soutenons la mise en place d’activités économiques autour des mammifères marins qui génèrent des revenus directs pour les communautés locales », a tenu à conclure Dr. Anjara Saloma.