La Ferme Marine de Mahébourg (FMM), qui se trouve à Grande Rivière Sud Est, existe depuis 20 ans et peut se targuer d’être la plus grande ferme d’ombrines au monde. Elle exporte en Europe et aux USA un poisson de qualité « Made in Mauritius ».
PHOTO (DR): La Ferme Marine de Mahébourg a une capacité de 120 cages et en opère actuellement environ 70. Des audits environnementaux sont réalisés régulièrement afin de s’assurer que la ferme n’a pas d’impact négatif sur le lagon, assure l’entreprise.
L’aventure de la Ferme Marine de Mahébourg (FMM) débute au début du millénaire. Un groupe d’amis a la folle idée de se lancer, à Maurice, dans l’aquaculture qui désigne la culture de végétaux ou d’animaux dans l’eau, douce ou salée. On parle de mariculture quand la culture se fait dans l’eau de mer, comme c’est le cas de la FMM. Cette idée, s’appuyant sur différentes études effectuées préalablement, notamment en 1995, mènera à la création de l’entreprise en 2002. Environ deux ans plus tard, l’exportation débutait en même temps que la première production d’ombrines.
Jusqu’à 2014, la ferme a produit moins de 500 tonnes par an, jusqu’à ce que les actionnaires décident de réinjecter de l’argent dans l’entreprise. Aujourd’hui, elle produit 3000 tonnes et opère 70 cages (de 20 ou 25 mètres de diamètre), dans le lagon de l’est. Presque tous les jours, ce sont des tonnes de poisson qui sont prélevées, nettoyées et expédiées par avion vers les clients étrangers, généralement aux États-Unis ou en Europe. Pour cause, l’ombrine est un poisson de qualité dont le filet se vend à 27 euros le kilo sur le marché international.
La covid-19 aura cependant porté un énorme coup à l’entreprise, alors qu’elle était arrivée au pic de sa production avec une capacité de 4 000 tonnes annuellement. Entre la ponte d’un œuf et la pêche du poisson, s’écoulent normalement deux années et demie et la ferme produit à flux tendu. Avec les arrêts subits et forcés des opérations et des exportations, la ferme compte aujourd’hui des tonnes de poissons qui auraient dû finir dans des assiettes il y a de cela plusieurs mois ! Ce poisson demande à être nourri quotidiennement et ses besoins augmentent avec sa taille. La FFM a donc eu besoin de l’intervention du nouveau fonds souverain de l’État, la Mauritius Investment Corporation (MIC) pour survivre.
« Le prix du poisson est dicté par le prix de sa nourriture »
Aussi, les intrants coûtent cher, surtout avec le coût du fret. « Le prix du poisson est dicté par le prix de sa nourriture », explique Pierre-Yves Semaesse, le directeur général de la FMM. Les quelque 13 tonnes de nourritures nécessaires quotidiennement sont importées d’Europe car la traçabilité des aliments est essentielle dans cette industrie. Un autre obstacle se trouve au niveau de la main-d’œuvre. Les Mauriciens boudent le travail à l’usine et les métiers agricoles. Il n’y a pas non plus de vétérinaires pour poissons à Maurice, par exemple, et le transfert de connaissance n’est pas évident à faire.
Pierre-Yves Semaesse voit pourtant plus loin. Une fois la mauvaise passe traversée, il souhaite étendre son marché vers l’Asie et la région, à La Réunion et en Afrique du Sud. Certaines livraisons ont déjà été assurées vers l’Asie et la FMM est de plus en plus présente lors des salons asiatiques. Il espère aussi réinvestir dans les infrastructures pour moderniser l’usine, gagner en efficacité énergétique, transformer le poisson sur place en produits surgelés et transformer les sous-produits sur place.