C’est le 25 avril 1841, soit 182 ans jour pour jour, que le sultan Andriantsouli vendait officiellement Mayotte à la France. Le territoire français, dont le statut est aujourd’hui contesté par les Comores voisines, était pourtant tricolore avant même certains territoires de l’Hexagone comme la Savoie et la région de Nice.
Photo d’archives (J.Rombi).
La suite, nos lecteurs la connaissent : un éternel bras de fer entre la France et les Comores depuis que celles-ci ont fait le choix (unilatéral) de devenir un pays indépendant dans les années 70.
Un choix que le peuple mahorais a toujours refusé, choisissant « de rester français pour être libre ».
Une liberté vite convoitée par les voisins comoriens qui ont colonisé à leur tour le jeune département français qui, bien que le plus pauvre de France, est suffisamment riche dans cet océan de pauvreté pour attirer environ 150.000 étrangers en situation irrégulière sur une population estimée à 400,000.
En ces jours de triste anniversaire, l’opération Wuambushu vient de commencer avec, comme on pouvait s’en douter, l’interdiction d’accoster aux Comores du premier bateau chargé de clandestins expulsés vers leur pays.
Le Maria Galante a en effet, d’après nos témoignages sur place, été empêché d’accoster au port d’Anjouan au soir du 24 avril non pas par les forces de l’ordre comoriennes mais, plus grave, par des mouvements de population qui estiment que ces Comoriens sont chez eux à Mayotte et doivent y rester.
La quarantaine de clandestins (sur un total de 10.000 que le ministre français de l’intérieur a prévu d’expulser), a reçu un accueil musclé à son retour à Mayotte par un comité d’accueil, composé de Mahorais cette fois-ci, hostiles à leur retour ce matin du 25 avril.
Au même moment des bandes de voyous, issus d’une jeunesse qui a grandi dans la rue, armées de sabres et de haches, organisaient des assauts sur les automobilistes dans la région de Tsoundzou en Grande Terre.
Plus tard, le 27 avril dernier, le même navire a choisi de ne pas quitter Mayotte, craignant pour sa sécurité en arrivant au port d’Anjouan. Car il y a un paramètre que le président comorien Azali (soudain curieusement enclin à accepter les expulsions de ressortissants comoriens) a négligé : l’opposition du peuple anjouanais au retour de leurs congénères sur leur sol. Ce qui serait synonyme de complicité avec les choix français de « nettoyage » de Mayotte (littéralement wuambushu peut signifier « nettoyage » ou « reprise »).
Dans la nuit du 27 au 28 avril, nos confrères des Nouvelles de Mayotte et de France Mayotte Matin font état d’émeutes dans le nord de l’île et de rassemblements populaires, drapeaux français à la main, dans le sud. Ailleurs, comme à Doujani près de Mamoudzou, d’émeutes sanglantes avec des tirs à balles réelles avec des émeutiers et des policiers blessés…
Le début d’une guerre civile fratricide, malheureusement annoncée depuis plusieurs années par les journalistes présents sur place ?
A suivre dans nos colonnes.