Aujourd’hui, ce qu’il y a de nouveau, c’est sans doute notre humilité à désirer nous réapproprier les méthodes agricoles originelles, à reconnaitre nos erreurs, redécouvrir la valeur des principes fondamentaux des cycles de la Nature ainsi que la perfection de la création de Dieu.
Voilà plus de trente années que les chiffres scientifiques et l’issue catastrophique pour notre humanité ne nous sont plus cachés. Autant d’années à analyser, disséquer, commenter et même s’alarmer du désastre vers lequel nous courrons…
Mais aujourd’hui l’île Maurice pourrait oser imaginer devenir un modèle pour en inspirer d’autres. Une destination qui ouvre la voie vers un monde meilleur, vers le meilleur de nous-même. Le prix à payer pour abandonner notre fébrile échelle de valeur, nous le regagnerons en vivant réellement le nouveau monde que chaque citoyen est en train d’oser rêver.
Pour instaurer une résilience de notre filière agricole, les initiatives mauriciennes sont nombreuses. Création d’écoquartiers, mises en place de micro-fermes vitrines, reconstruction des fonds marins, adoption des énergies renouvelables, production de matières premières locales, intégration des atouts de la filière animale dans la culture maraichère, transformation des produits.
Repenser notre filière agricole, c’est repenser l’énergie, économie, l’éducation, la gouvernance.
En d’autres mots, réduire nos importations de matières, développer l’artisanat de fabrication de l’outillage agricole paysan, disposer d’un cursus de formation continu des métiers de l’agriculture. Et certainement un cursus portant les valeurs agroécologiques qui aujourd’hui ne sont plus une option, mais la solution.
Deux maillons incontournables de cette résilience agricole seraient premièrement, la solidarité entre secteur privé et services publics, entres les ONG et les citoyens, et ensuite la volonté d’appui aux d’actions par les dirigeants du pays.
Prioriser ou valoriser ?
On ne devient pas exploitant agricole, planteur, paysan, producteur maraîcher par hasard ou par défaut. Les synonymes de la profession sont nombreux pour nommer ceux qui ont accepté la plus haute responsabilité de nous nourrir, de combler nos assiettes d’une denrée saine et nutritionnelle.
Devenir producteur c’est maîtriser entre autres les qualités d’observation, de patience, de respect des cycles, de planification de rendement, d’anticipation des soins préventifs et enfin, de discernement sur les degrés de pression des nuisibles de cultures.
Attirer les jeunes vocations dans la filière doit-il encore se faire par la valorisation du métier agricole ?
Ou pourrions-nous aujourd’hui parler de priorisation de la filière ?
Doit-on encore travailler à valoriser un secteur d’activité s’il trouve naturellement sa place dans la société, assuré de tout le panel d’aide au secteur, de financement, d’accès au foncier, de parrainage à la formation, de certification et audit qualité et enfin d’aide à la création d’une plateforme d’écoulement commercial des productions.
Un esprit d’ouverture… locale
L’agriculture industrielle couvre-t-elle aujourd’hui les besoins alimentaires mondiaux ?
Comment la monoculture à grande échelle a-t-elle influencé l’appauvrissement de nos sols ?
Ces dernières années nous ont enseignés combien, dans les périodes de confinement et de restriction de la mobilité des hommes et des produits, les petites et moyennes parcelles mauriciennes ont pu assurer avec une main d’œuvre minimale la conduite de leur culture jusqu’à la récolte ?
Un des projets conduits par l’association Le Vélo Vert que je représente est de lancer et accompagner plusieurs micro fermes agroécologiques. Cette initiative, entre autres, permettra d’étudier et confirmer les rendements similaires entre une petite parcelle travaillée à la main et une grande surface mécanisée.
Produire autant voire plus sur de surfaces densifiées, multiplier ces petites exploitations agricoles, concentrer les efforts sur les variétés locales adaptées à nos sols et climats.
Connaitre celui qui mange et reconnaitre celui qui le nourrit.
La sécurité alimentaire c’est aussi l’assurance pour le producteur d’écouler ses produits en toutes circonstances à un prix honnête.
Une rencontre de cœur et de confiance entre le consommateur et le producteur s’impose.
De la table familiale à la haute restauration en passant par l’hôtellerie et les cantines corporatives, restons attentifs et solidaires dans la recherche de qualité de notre périmètre géographique immédiat.
Le producteur gagnera nombreux avantages du montage d’une plateforme d’écoulement de ses produits avec les facilités numériques en développement aujourd’hui ; maximiser sa relation client, partager ses pratiques, ouvrir les portes des micro-fermes, honorer et sécuriser tout un secteur par les circuits courts.
Nous avons la liberté de choisir et d’engendrer l’action.
Comment nous y préparons-nous individuellement ?
Géraldine Charpentier d’Unienville
Fondatrice de l’association Le Vélo Vert