Le géant minier QIT Madagascar Minerals (QMM), basé dans le sud-est de Madagascar, est en proie à des vagues de contestation par les populations riveraines, suite à des analyses indiquant des eaux polluées en périphérie des sites d’exploitation.
le Journal des Archipels a pu interroger les autorités. Explications
A la mi-juin, le ministre de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, Fidiniavo Ravokatra, a déclaré devant la presse que les analyses effectuées ont révélé la présence de deux éléments qui « dépassent les normes », à savoir l’aluminium et le pH. Suite à cette annonce, certains médias ont relayé la sortie du rapport d’interprétation et d’analyse radiologique et métaux des eaux du lac d’Ambavarano situé à proximité du seuil déversoir aménagé par la compagnie minière Rio Tinto-QMM à Fort-Dauphin.
Le rapport du laboratoire qui indique que les résultats ont montré une conformité pour tous les éléments analysés sauf le cas de l’aluminium. Les résultats de l’analyse blanchissent ainsi la filiale malgache du géant minier qui fait face depuis des semaines à des mouvements populaires menées par des pêcheurs qui dénoncent la mort suspecte de poissons dans les eaux environnantes. Le rapport qui estime également que la période de crue, où l’activité algale est intensive, aurait pu augmenter le volume de toxines des algues ingérées par les poissons.
« L’origine anthropique est aussi probable »
Il est en outre indiqué qu’en plus de l’analyse sur les eaux de surface, notamment à l’ouest de la rivière Madromodromotra qui représente le lieu de rejet des effluents miniers, les poissons morts ont également fait l’objet d’analyse par rapport à la présence d’éléments trace métalliques. Au total, 11 éléments ont été ciblés dont 10 « ont des valeurs normatives par rapport aux règlementations de l’Organisation mondiale de la santé »
Concernant l’aluminium, le laboratoire précise qu’au vu de la norme OMS (potabilité), le volume de sa présence dans l’eau est fonction de la température et du pH. « L’aluminium se trouve en abondance dans le sol dans le processus de pédogenèse et est transporté jusque dans l’eau par le phénomène de lessivage. Néanmoins, l’origine anthropique est aussi probable », explique le laboratoire. « Pour les nitrates, les teneurs respectent à la fois les concentrations 50 mg/l de la norme de potabilité et 20 mg/l de la norme de rejet. À côté, les teneurs en phosphates sont très basses par rapport à la teneur de 10 mg/l des normes de rejet. Leur présence dans l’eau est surtout liée aux activités agricoles des communautés dans l’ensemble du bassin versant », a-t-il également écrit dans son rapport.
Pour QMM : « les analyses effectuées, par les laboratoires indépendants mandatés par les autorités, convergent et démontrent que l’ensemble des paramètres vérifiés sont conformes à la législation nationale » et que « le taux d’aluminium excédentaire a été relevé au niveau d’un point où aucun relâchement n’est effectué ».
QIT Madagascar Minerals (QMM), près de Fort Dauphin dans la région d’Anosy au sud-est de Madagascar, produit de l’ilménite qui est une source majeure de dioxyde de titane, principalement utilisé comme pigment blanc dans des produits tels que les peintures et le papier.
QMM est une joint-venture entre Rio Tinto (80%) et le gouvernement de Madagascar (20%).