Après plus de 2 ans de crise sanitaire qui a fait plonger de manière inédite la destination, les responsables publics et les professionnels du secteur touristique s’attellent à la remise sur les rails de cette industrie qui fait vivre des centaines de milliers de personnes sur l’île.
Par Liva Rakotondrasata
(Photo J.Rombi)
A Morondava, au sud-ouest du pays, l’écotourisme n’est pas un concept mais un rythme de vie au quotidien.
A la gare Soarano d’Antananarivo, en ce début de mois d’avril, la 5ème édition du Salon des bons plans du tourisme (« Tsenaben’ny fizahantany ») s’est tenue dans une ambiance marquée par un certain optimisme. Le début de la réouverture des frontières aériennes et l’affluence du public, en grande partie des résidents venus s’enquérir des offres promotionnelles des hôtels et des organisateurs de circuits, justifient cette lueur d’espoir après tant de mois de vache maigre.
« Ce Salon des bons plans propose aux visiteurs des produits touristiques plus accessibles et diversifiés, à travers 58 exposants répartis sur 68 stands dont 21 professionnels du voyage avec des offres de séjours variés, des spécialistes en gastronomie et plus de 10 Offices Régionaux du Tourisme », ont indiqué les organisateurs qui ont bénéficié de l’appui du Projet PIC, un programme de développement intégré et financé par la Banque mondiale.
Selon le ministère en charge du Tourisme, plusieurs manifestations de premier plan marqueront la relance du secteur. Outre le salon, notons la tenue de l’atelier national des guides touristiques. Quant au Forum Wave (lire l’encadré), les webinaires se poursuivront durant toute l’année pour favoriser la promotion des investissements touristiques.
Des divergences quant à la manière d’acter cette reprise
« Le secteur traverse actuellement une passe difficile marquée par la volonté des uns et des autres de relancer la destination mais aussi les divergences quant à la manière d’acter cette reprise », commente un tour-opérateur. C’est dans ce contexte que le département ministériel de tutelle met en application sa feuille de route qui a été présentée aux professionnels de la filière.
« Afin d’assurer la relance du secteur de façon coordonnée, la synergie entre le secteur public et le secteur privé, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, est désormais plus que nécessaire », souligne le ministère dans cette feuille de route qui repose sur sept axes stratégiques. Pour sa part, le secteur privé réuni au sein de la Confédération du Tourisme de Madagascar (CTM), a rédigé son plan stratégique de relance du tourisme. Le document consolidé, aligné aux recommandations de l’Organisation Mondiale du Tourisme, a été présenté en septembre dernier.
Pour remonter la pente, les acteurs du secteur touristique souhaitent des mesures fortes à travers un plan de relance ambitieux. Pour préparer l’avenir, les groupements professionnels conduits par la CTM réclament le repositionnement de la destination, la priorisation de l’employabilité et de la professionnalisation des acteurs, la modernisation du secteur ainsi que des actions publiques intégrées à même de produire des résultats à court et à moyen terme tangibles.
En face, le secteur public affirme être ouvert au dialogue. A noter qu’une rencontre entre les parties a déjà eu lieu pour, a-t-on indiqué, renforcer le partenariat Etat-secteur privé du tourisme. La feuille de route ministérielle, ainsi que les résultats attendus sur une période d’un an ont été discutés à cette occasion. Le ministère ayant réaffirmé sa volonté d’apporter des changements notables pour faire bouger les lignes.
Les actions prioritaires annoncées portent, entre autres, sur la mise aux normes internationales des établissements touristiques en matière de protocoles sanitaires, la promotion du tourisme national, le renforcement du cadre institutionnel, la transformation digitale ou encore le renforcement des capacités des acteurs du secteur par la formation et la stimulation des investissements touristiques.
Vers un développement des marchés de niche et des échanges entre les îles ?
Les dirigeants des Offices Régionaux du Tourisme (ORT) ont pris part dernièrement à une réunion dont l’objectif était de partager une vision commune pour le développement du tourisme, afin d’augmenter le nombre d’arrivées touristiques par le renforcement de la promotion de la destination Madagascar. Le ministère du Tourisme a saisi l’occasion pour partager à ces responsables sa vision avec les résultats attendus pour l’année 2022.
La rencontre a également permis au ministère de rappeler la responsabilité de chaque entité (ministère, offices du tourisme, …), afin de mieux coordonner les actions. Il a aussi été rappelé qu’avec l’appui des partenaires techniques et financiers, les ORT vont bénéficier cette année d’une mission d’appui institutionnel pour une gouvernance améliorée et une gestion opérationnelle aux normes dans la réalisation de leur mission de promotion de leur destination.
Pour rappel, le ministre du Tourisme, Joel Randriamandranto, lors de sa rencontre avec les professionnels du secteur, a évoqué des actions prioritaires portant, entre autres, sur l’augmentation de la visibilité du pays et la mise aux normes internationales de l’écosystème touristique.
Par ailleurs, Madagascar a participé à l’Assemblée Générale des Iles Vanille en mars dernier. La réunion a permis notamment de faire le point sur la situation du secteur dans la sous-région.
Les acteurs touristiques de la sous-région ont échangé sur les thèmes comme le développement des croisières entre les îles, le tourisme inter îles dont la mise en place du «pass tourisme» (facilitation des visas) et la promotion commune sur l’Inde.
Les pays membres ont fixé les grandes orientations pour les actions 2022 pour l’association. Il s’agit du développement des marchés de niche, le développement des échanges entre les îles et le renforcement de la notoriété de la destination.