Cette analyse vient compléter une série d’articles parus sur nos sites web et notre magazine sous le titre « DO YOU KNOW MONTEGO BAY ? »
Par Michel Brelivet*
La France ne produit quasiment pas aujourd’hui de terres rares ou de métaux stratégiques. Le sous-sol de sa métropole ne renferme pas énormément de richesses minières.
Les « terres rares » appelées ainsi car effectivement peu présentes et exploitées dans le monde sont aujourd’hui un quasi-monopole de la Chine et de la Russie qui ont plusieurs années d’avance sur l’Occident dans leur exploitation et commerce. Ainsi, les projets industriels français de pointe : aviation, missiles, intelligence artificielle, appareils de communication, matériels médicaux et bien d’autres domaines sont encore dépendants de la bonne volonté de ces pays à nous les vendre…
Les Z.E.E françaises possèdent des terres rares et regorgent aussi de métaux stratégiques indispensables à l’économie d’aujourd’hui et à celle de demain. Un seul exemple : le Pacifique où les nodules polymétalliques composés de manganèse, nickel, cuivre, cobalt, fer, silicium, aluminium, titane… tapissent le plancher océanique, tels des champs de pommes de terre… Une évaluation récente estimait le potentiel découvert à plus de 100 milliards de tonnes… A des profondeurs pouvant atteindre 6000 mètres et plus… Je ne parle que de ce qui a été découvert… L’exploitation rentable de ces ressources n’est pas pour demain, mais certainement pour bientôt…
Quelles filières économiques pour l’outremer français ?
La préservation des ressources halieutiques françaises est aussi un enjeu considérable dans un monde qui sera peuplé de 10 milliards d’habitants en 2050 avec déjà des océans qui se vident et des espèces qui disparaissent (thon rouge, par exemple) … L’océan Indien, l’océan Atlantique, l’océan Pacifique sont peuplés de poissons qui contribuent depuis des décennies à notre alimentation. Préserver, contrôler, protéger et sécuriser ces Z.E.E doit être une vraie priorité nationale afin de sauvegarder les intérêts français actuels et futurs…
Malheureusement, l’absence de politique volontariste et les coupes budgétaires stupides subies depuis des années, l’insuffisance chronique des moyens maritimes et aériens (militaires et civils), l’absence de diplomatie énergique auprès des pays prédateurs ont provoqué de nombreux pillages des ressources, notamment à Clipperton (au large du Mexique), dans les eaux de Guyane (par le Brésil et le Surinam) … Dans le Pacifique et l’océan Indien par des prédateurs principalement asiatiques. La liste est non exhaustive…
Plus grave encore, cette faiblesse continue dans la défense et la promotion des intérêts français en mer, identique d’ailleurs à la faiblesse de la politique d’immigration et d’assimilation à terre, laisse présager un avenir sombre à de nombreuses filières économiques de l’outremer français (mais aussi de Métropole) qui pourraient être soutenues plus activement et efficacement afin de leur donner une ambition forte, créatrice d’emplois et de richesses dans les îles et Territoires et ne pas leur laisser, comme seule perspective, celle d’un assistanat généralisé…
L’Europe étant aux « abonnés absents », il appartient à l’Etat français de définir sa politique dans sa Z.E.E et de la faire appliquer d’abord et surtout dans l’intérêt des Français.
« Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu’ils ont ignorée »
Cardinal de Richelieu
« L’activité des hommes se tournera de plus en plus vers l’exploitation des mers que les ambitions des États chercheront à dominer afin d’en contrôler les ressources”.
Charles de Gaulle, Brest, 1969… Il y a 53 ans… Que de temps perdu…
A suivre…