C’est ce qui ressort du premier rapport comptable annuel de la Mauritius Investment Corporation*. Il s’agit du fond souverain mauricien créé par le gouvernement en 2020 pour prémunir l’économie mauricienne d’une crise, de plus grande envergure, causée par la covid-19. 80 milliards de roupies ont été prélevées des réserves de la Banque de Maurice (la banque centrale) pour financer ce fond.

Photo (DR), en médaillon : Jitendra Bissessur, statisticien de formation et de profession, qui a passé l’essentiel de sa carrière au sein de la Banque de Maurice, a été nommé CEO de la Mauritius Investment Corporation (MIC) début 2021.

Pour publier son rapport annuel inaugural, et pour signifier que la MIC se voulait indépendante malgré les nombreuses critiques, une agence de communication a rédigé un communiqué de presse accompagnant la publication du rapport : chose assez rare pour le signaler. Les organismes publics font rarement appels aux agences de communication.
Les résultats financiers de la MIC pour la période se terminant le 30 juin 2021 démontrent un bénéfice de 58 millions de roupies (1,2 million d’euros). Cependant, la valeur comptable des actifs a chuté de 596 millions de roupies (11,9 millions d’euros) ! Dans un premier temps, la MIC a investi dans les grosses entreprises mauriciennes dont la faillite pourrait mettre en péril l’économie du pays. On parle d’entreprises d’« importance systémique ». Les actifs financiers du portefeuille de la MIC comprennent des « investissements dans des obligations convertibles garanties ». En d’autres mots, la MIC prête de l’argent aux entreprises en difficulté et, à maturité, si les entreprises sont dans l’incapacité de repayer toute la dette, la MIC acquiert des parts de l’entreprise. Le nombre de parts est établi au préalable.
« De juin 2020 à juin 2021, la MIC a reçu 109 demandes d’investissements. 40 de ces demandes ont été approuvées pour un montant total de Rs 24,9 Mds (498 millions d’euros – NDLR). Le nombre de personnes employées directement par les entités bénéficiaires des investissements est de 23,870, soit près de 22% de la population active exerçant dans les secteurs primaire et secondaire », avance le communiqué de presse émis par la MIC. Le montant décaissé à 16 entités s’élève à 6,7 milliards de roupies (134 millions d’euros). C’est le secteur hôtelier qui se paie évidemment la part du lion, soit 5,9 milliards de roupies.

 *La Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC) a pour mission de soutenir et d’accélérer le développement économique de l’île Maurice. Elle vise à soutenir la prospérité du pays sur le long terme en augmentant prudemment son capital grâce à un processus d’investissement méthodique et rigoureux.

Les objectifs de la société sont, entre autres, les suivants :
(a) soutenir et accélérer le développement économique de l’île Maurice.
(b) aider les entreprises systémiques et viables incorporées à Maurice et qui sont en difficulté financière en raison de la pandémie de la COVID-19
(c) investir dans des actifs en vue de garantir les produits de première nécessité et soutenir une croissance plus élevée à long terme
(d)   investir dans trois portefeuilles clés, à savoir les secteurs d’avenir, l’infrastructure et les actifs stratégiques, ainsi que la participation au capital
(e) détenir des actifs financiers.

 

Alexandre Karghoo