Lors de la double visite ministérielle du 28 au 30 août dernier, les ministres de l’intérieur et des outremers ont fait de nombreuses annonces pour le projet de « loi Mayotte », attendue en conseil des ministres pour janvier 2022. Sécurité, immigration clandestine, habitat insalubre, santé, les deux ministres ont tenté de « ratisser large » en abordant les principaux sujets de préoccupation des Mahorais. Toutefois, peu d’annonces sur le plan de l’économie et vaste néant au sujet de l’environnement…
Photo : Thierry Suquet, préfet de Mayotte – Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu
Après le « plan pour l’avenir de Mayotte », annoncé en 2018 par Annick Girardin, ex ministre des outremers (MOM), Sébastien Lecornu vient annoncer le projet de « loi Mayotte ».
La délinquance et l’immigration clandestine sont toujours galopantes et les habitants se plaignent régulièrement d’être « les oubliés de la République ». Un sentiment que s’efforce de combattre l’Etat en investissant de gros moyens dans les forces de sécurité et l’éducation. En vain ! La situation continue de gangréner le monde économique et annihile tout espoir de voir se développer un tourisme digne de ce nom.
En attendant le MOM a voulu un grand « plan pour l’avenir de Mayotte », rassurer les patrons sur l’alignement des droits sociaux prévu par la loi Mayotte, ils se « feront en douceur » a t’il expliqué sur le plateau de Mayotte la Première. Si sur la question des retraites, son ministère est prêt à déployer une ordonnance dès fin 2021/début 2022, mais pour le chômage et autres, ce ne serait pas pour tout de suite… Les ministres ont annoncé la mise en place d’un calendrier pour la convergence sociale qui s’effectuera « avant 2036 ».
Question sécurité, Gérald Darmanin a annoncé le renfort de 40 policiers et gendarmes pour cette année en rappelant que « Depuis l’élection du président de la République, il y a eu une augmentation continue des effectifs ici de plus de 400 policiers et gendarmes. Aucun autre territoire de la République en proportion de sa population n’a reçu cet effort consenti par le gouvernement ». Une enveloppe d’un million d’euros va également être débloquée pour financer la vidéo-protection pour les collectivités locales. Deux intercepteurs supplémentaires vont être livrés pour lutter contre l’immigration clandestine et la surveillance aérienne provisoire mise en place par l’ancien préfet J.F. Colombet va être pérennisée. A ce volet sécuritaire vient s’ajouter un volet prévention. Le MOM veut créer une nouvelle compagnie pour la formation des jeunes au RSMA et y adjoindre une garderie pour permettre aux mères célibataires de bénéficier de la même offre de formation.
La destruction des bidonvilles : un premier pas pour l’environnement ?
Si aucune annonce n’a été faite concernant l’écologie, reste que S. Lecornu a annoncé lors de sa visite du site de Ouangani que « en 2031, nous ne verrons plus ce que nous avons vu derrière cette colline ». Une référence, naturellement, aux bidonvilles qui fleurissent toujours un peu partout sur l’île et que l’ancien préfet J.F. Colombet a entrepris de détruire méthodiquement depuis 2020 dans le cadre de la loi Elan.
Si cette promesse s’inscrit tout d’abord dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine et, son corolaire, l’habitat insalubre, les esprits les plus optimistes se diront que c’est peut-être aussi le début d’un assainissement de Mayotte. Les bidonvilles, forcément dépourvus de système de ramassage des ordures, sont en effet l’une des principales causes de l’insalubrité de l’île puisque la majorité de leurs déchets finissent dans le lagon… un petit pas en avant donc pour l’environnement, même si cette thématique est loin d’être prioritaire chez beaucoup de Mahorais, ce qui explique sans doute qu’elle soit la grande absente des cinq thématiques du projet de loi Mayotte.
Nora Godeau