Ile interdite au tourisme où le voyageur téméraire est accueilli par des gendarmes français, Juan de Nova se trouve en plein milieu du canal de Mozambique, à 160 Km de la côte malgache. Elle a longtemps été un paradis pour oiseaux de mer et elle recelait d’importants gisements de guano. Exploitée pour ce guano jusqu’à la deuxième guerre mondiale, puis pour le phosphate (que l’on trouve en abondance dans le guano) jusqu’en 1967, l’île devait aussi abriter un ambitieux projet touristique qui n’a jamais vu le jour.
Longue de 6 km et large de 1,5 km, Juan de Nova ne dépasse pas 90 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Photo La Curieuse (photo CNOI)
Aujourd’hui silencieuse, Juan de Nova recèle des vestiges d’une voie ferrée et un débarcadère en très mauvais état, témoignages d’un passé actif. Longue de 6 km et large de 1,5 km, recouverte de sable, avec des filaos, de petits arbustes secs et quelques cocotiers çà et là, elle ne dépasse pas 90 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’île est aussi entourée d’une barrière de corail qui délimite un vaste lagon.
Découverte en 1501 par le capitaine Juan de Nova, au service du Roi du Portugal, alors qu’il se rendait au Mozambique, l’île n’a jamais été occupée jusqu’au 20e siècle, mais elle a pu certainement servir de refuge à des pirates fuyant les marines royales françaises.
L’île était aussi fréquentée par les pêcheurs malgaches, notamment à cause de l’abondance de tortues marines qui venaient y pondre. A la fin du 19e siècle, elle passe sous protectorat français. C’est à partir de 1900 que l’exploitation du guano et de la noix de coco débute. La production de guano atteint 53 000 tonnes en 1923 et celle de coprah s’élève à 12 tonnes par an.
Juan de Nova fait partie du groupe des Iles éparses de l’océan Indien, district des TAAF
En mars 1952, une concession pour une durée de 15 ans est accordée à une société privée, la SOFIM. L’exploitation de phosphate entraîne un développement de l’île avec la construction de logements pour les ouvriers, des ateliers, des usines, des rails et des wagonnets pour transporter le phosphate ainsi qu’une installation électrique importante et l’eau courante. Un wharf d’embarquement et une piste d’aviation sont également aménagés. L’île est visitée de façon sporadique par la marine française, notamment pour le ravitaillement d’un poste météorologique, installé en 1963.
Les conditions de travail sur l’île étaient très rudes. Des cas de maltraitance ont été rapportés aux autorités de La Réunion et ont paru la presse de l’époque. Ainsi, en 1965, 30 Mauriciens nouvellement arrivés sur l’île se révoltent et ces incidents conduisent les responsables de l’exploitation à demander l’intervention des forces de l’ordre de La Réunion. La SOFIM doit se séparer de la majorité de ses ouvriers. A cette époque, le phosphate était vendu en Afrique du Sud et à Maurice.
Lorsque les cours du phosphate s’effondrent, à la fin des années 60, l’exploitation cesse d’être rentable. En 1967, il ne reste qu’une vingtaine d’ouvriers. En août 1967, le Club Méditerranée lance un projet hôtelier sur Juan de Nova. Mais l’hôtel ne verra jamais le jour et l’Etat français reprend la concession à la SOFIM.
Juan de Nova fait partie du groupe des Iles éparses de l’océan Indien (depuis 2007, les Iles Eparses constituent l’un des cinq districts des terres Australes et Antarctiques Françaises ou TAAF). Elle reçoit des missions météo et est classée réserve naturelle. Elle est gardée par un détachement de la marine française.
Par Thierry Chateau
C’est 1968 et non en 1965 qu’a eu lieu la révolte des ouvriers-esclaves
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