Marie-Luce Penchard, ministre en charge de l’outre-mer français, s’était rendue à Mayotte le 3 avril 2011, afin d’officialiser le statut de Département.
photos : J.Rombi
Suite de la tribune signée par 54 députés, issus de différents groupes (7 sur les 9) à l’Assemblée Nationale
Une prise de conscience tardive de la situation de dénuement
Mayotte souffre d’un sous-développement historique de ses infrastructures collectives, de sous-développement économique malgré d’importantes potentialités, notamment portuaires, aéroportuaires et agricoles. Quant aux services de base à la population, ils sont déficients, qu’il s’agisse de l’accès à l’eau, à l’électricité, à la salubrité publique, à la santé et à l’éducation nationale. En 2021, 40% des habitations sont en tôle et situées dans des zones à risques naturels. De plus, 30% des habitants n’ont pas accès à l’eau courante. L’unique centre hospitalier est saturé du 1er janvier au 31 décembre, engendrant 2000 évacuations sanitaires annuellement… 800 classes de primaires manquent à l’appel pour scolariser les enfants, selon les normes nationales. 77% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et l’espérance de vie est inférieure de 8 ans, à la moyenne nationale. Au 21ème siècle, un département français possède donc des ratios sociaux du tiers monde. Le rattrapage et la mise à niveau des services publiques et des infrastructures de bases attendus de la départementalisation de 2011 sont mises en échecs par une immigration illégale de masse qui met en concurrence, sur 374 km², un tiers monde français, désormais minoritaire, à un quart monde étranger, créant ainsi de fortes tensions communautaires du fait de l’appropriation des terres, des provocations comoriennes et d’une délinquance de plus en plus violente. Cette situation volcanique conduisit à la grave crise sociale qui s’étala de septembre 2017 à mai 2018, lors de laquelle l’opinion publique française prît conscience, avec stupéfaction, de la condition de dénuement de nos compatriotes mahorais, ce qui poussa les pouvoirs publics à réagir.
Des efforts réels mais insuffisants
Le renforcement, à partir du second semestre 2018, des moyens de lutte contre l’immigration clandestine et des forces de l’ordre pour endiguer l’insécurité sont notables, mais insuffisants pour stabiliser la situation. Le feu couve sous des braises encore brulantes, alimentées quotidiennement par des arrivées de kwassa-kwassas et la violence barbare de bandes de jeunes désocialisés et armées qui écument nos villes et nos campagnes mahoraises. Les plans du second hôpital, annoncé en octobre 2019, demeure à tracer. L’eau, bien essentiel, ne coule pas tous les jours dans toutes les communes du département. Le SMIC est toujours inférieur de 20% au SMIC de droit commun. Les principales aides sociales sont toujours plafonnées à 50% de celles des autres départements français. Les pensions de retraite pour une carrière complète sont inférieures, pour la plupart, au RSA servi en métropole. Il manque 200 classes de plus en 2021 qu’en 2018. Bref, la marche vers l’égalité sociale stagne et l’horizon de l’égalité des chances s’éloigne. Mayotte a donc, plus que jamais, besoin d’une volonté politique réaffirmée qui soit appuyée par des actions résolues, afin de dynamiser son processus de départementalisation.
Le statu quo dans la relation France-Union des Comores n’est plus tenable
Les tensions bilatérales concernant Mayotte, entre la France et l’Union des Comores, pays formé en 1974 du rassemblement des 3 îles de Mohéli, Anjouan et Ngazidja, procèdent d’un travestissement de l’histoire qui n’a été permis que par le contexte de la lutte des blocs issue de la seconde guerre mondiale. En effet, chaque île de l’archipel géologique des Comores est historiquement un micro-état. Mayotte n’a jamais fait partie d’un ensemble indépendant rassemblant les îles de l’archipel. Aussi, les velléités permanentes de l’Union des Comores d’intégrer, de force, Mayotte à son Etat relève, au 21ème siècle, d’un abject colonialisme. La perpétuation du différend territorial, depuis 45 ans, n’a été possible que par le relativisme et le manque de résolution de notre diplomatie, souvent prompte à évoquer des problématiques plus larges pour ne pas résoudre la situation. Or, l’acceptation internationale de la francité de Mayotte est un horizon indépassable pour amorcer un codéveloppement porteur d’avenir pour les peuples de la région. Le libre choix des mahorais doit enfin être accepté par l’Union Comores. Le temps est venu, pour notre diplomatie, de sortir du statu quo et de favoriser l’émergence d’une relation bilatérale mature et respectueuse du choix des Mahorais.
Un appel à la mobilisation pour l’égalité sociale, l’égalité des territoires et l’égalité des chances
Si la période 2011-2020 fut celle du lancement de la départementalisation, il convient désormais de faire de la période 2021-2030 celle de l’achèvement du processus. Cela nécessite de fixer 3 agendas distincts : celui de l’égalité sociale et celui de la mise à niveau des services publics, à l’horizon 2025, celui de mise à niveau des infrastructures, à l’horizon de la fin du 2ème programme des fonds européens, en 2027, et enfin celui de la reconnaissance internationale de la francité de Mayotte, à l’horizon 2030. Nous appelons donc les responsables politiques en fonction actuellement et ceux qui aspirent à des responsabilités, à partir de 2022, à se saisir du parachèvement de la départementalisation de Mayotte, pour les mahorais, pour la France et pour l’Europe. /
Mansour Kamardine – LR – Mayotte
Ramlati Ali – LAREM – Mayotte
Christian Jacob – Président de LR
Damien Abad – Président du groupe LR
Jean-Christophe Lagarde – Président du groupe UDI
Olivier Serva – Président de la délégation aux outre-mer – LAREM
Annie Genevard – Vice-présidente de l’Assemblée Nationale – LR
Yves Le Fur – Vice-président de l’Assemblée Nationale – LR
Philippe Gosselin – Vice-président de la commission des lois – LR
Michel Herbillon – Vice-président de la commission des affaires étrangères – LR
Charles de la Verpillière – Vice-président de la commission de la défense – LR
Constance Le Grip – Vice-présidente de la commission de la culture et de l’éducation – LR
Julien Dive – Vice-président de la commission des affaires économiques – LR
Jean-Marie Sermier – Vice-président de la commission du développement durable – LR
Jean-Pierre Door – Vice-président de la commission des affaires sociales – LR
Nathalie Bassire – LR
Valérie Bazin-Malgras – LR
Philippe Benassaya – LR
Sylvie Bouchet-Bellecourt – LR
Ian Boucard – LR
Fabrice Brun – LR
Sébastien Chenu – RN
Gérard Cherpion – LR
Dino Cinieri – LR
Pierre Cordier – LR
François Cornut-Gentille – LR
Bernard Deflesselles – LR
Pierre-Henri Dumont – LR
Claude de Ganay – LR
Meyer Habib – UDI
Yannick Haury – LAREM
François Jolivet – LR
Manuéla Kéclard-Mondésir – PC
Stéphanie Kerbarh – LAREM
Brigitte Kuster – LR
David Lorion – LR
Josette Manin – PS
Olivier Marleix – LR
Nicolas Meizonnet – RN
Emmanuelle Ménard – RN
Jean-Philippe Nilor – PC
Jean-François Parigi – LR
Jean-Luc Poudroux – LR
Didier Quentin – LR
Richard Ramos
Robin Réda – LR
Maïna Sage – AGIR
Raphaël Schellenberger – LR
Sira Sylla – LAREM
Robert Therry – LR
Agnès Thill – UDI
Laurence Trastour-Isnart – LR
Frédérique Tuffnell – MODEM
Stéphane Viry – LR