De gauche à droite : Anne-Gaelle Charlette (Sanlam) – Samer Kassem (Aspen) – Bilal Adam (président South African Chamber) – Francesca Merlo et Amaury Pitot (Sanlam)
photo : Didi Strauss
Mettre fin aux mythes entourant les vaccins contre la Covid-19 et répondre aux questions soulevées concernant les nouveaux variants. Telles étaient les thématiques abordées par Samer Kassem, Chief Executive Officer d’Aspen Global, lors d’une conférence organisée par la South African Chamber of Commerce (SACC) à l’intention des chefs d’entreprise mauriciens à l’hôtel Labourdonnais Waterfront, Port-Louis.
Dans son discours, il a fait un survol détaillé des différents vaccins disponibles et de leurs caractéristiques respectives, incluant leurs conditions de conservation et leur efficacité dans différentes régions en fonction des variants présents. Plusieurs décideurs du monde des affaires local, des journalistes, ainsi que membres de la SACC à Maurice et à Singapour – qui ont participé par visioconférence – étaient réunis à cette occasion.
Comment les vaccins sont-ils développés ?
Dans la première partie de sa présentation, Samer Kassem a brièvement parlé des travaux de recherche et développement menant aux vaccins, en particulier les différents types de méthodologies pour les mettre au point, notamment l’ARN et le vecteur viral. Il s’est ensuite appesanti sur les différents vaccins disponibles actuellement et a donné plus d’amples détails sur l’ensemble des données scientifiques sur leur efficacité et leur utilisation. Il a également mis en garde contre les fausses nouvelles qui sont courantes sur les réseaux sociaux. « Laissons la science aux scientifiques et tenons-nous aux données factuelles. Aujourd’hui, nous avons un grand ennemi : le manque d’information et la communication au public, ce qui pousse de nombreuses personnes à refuser de se faire vacciner alors même qu’il s’agit de notre principale lueur d’espoir pour un retour à la normale », a-t-il rappelé.
« L’ARN est une nouvelle technologie qui a été étudiée durant plusieurs années. Elle a été utilisée pour la première fois dans les années 1990 par Sanofi, mais le système d’administration utilisé était toxique. En 2011, Novartis a intégré l’ARN dans des nanoparticules de lipide et a réussi à les tester avec succès sur des rats. C’est cette même technologie qui transporte des séquences du virus pour que le corps fabrique ses propres anticorps. Les vaccins à ARN peuvent être mis au point plus rapidement que les vaccins conventionnels. En effet, l’identification de la séquence génétique du pathogène, la découverte du segment codant de l’antigène, et la production de l’ARN correspondant peuvent se faire de manière assez rapide. Les financements massifs obtenus de la part des pays développés et des riches mécènes, ajoutés à l’accélération des procédures d’évaluation par les autorités sanitaires ont fortement influencé le temps exceptionnellement court pour développer ces vaccins », a déclaré Samer Kassem en abordant la technologie de l’ARN messager et l’efficacité des vaccins face aux variants.
Ce dernier a tenu à démentir catégoriquement les rumeurs sur l’ARN. Pour le CEO d’Aspen Global Incorporated, « il n’y a rien de tel ». Les vaccins à ARN messager ont néanmoins leurs inconvénients, tels que des effets secondaires similaires à la grippe et des conditions de conservations contraignantes (très basses températures). De plus, deux doses sont nécessaires pour qu’ils soient efficaces. De nouveaux modes d’administration sont actuellement développés, tels que des patches équipés avec des micro-aiguilles qui vont injecter graduellement de petites doses du vaccin.
Variants
Des craintes existent concernant les nouveaux variants et le fait qu’ils soient plus résistants aux vaccins. Le CEO d’Aspen Global a rassuré quant au fait que des études scientifiques doivent encore être menées pour démontrer dans quelle mesures ces changements ont un effet sur l’efficacité réelle des vaccins disponibles.
« Ceux ayant mis au point des vaccins travaillent pour les mettre à jour afin qu’ils puissent mieux cibler les variants qui apparaissent. De ce fait, les vaccins contre le coronavirus pourraient avoir besoin d’une mise à jour régulière, comme c’est le cas pour la grippe. Étant donné de l’avis des scientifiques, le moyen le plus efficace et le plus rapide de combattre le danger que représente les nouveaux variants est de vacciner rapidement autant de personne que possible avec les doses dont nous disposons », a-t-il dit. Et pour lui d’ajouter : « La nouvelle génération de vaccin sera cruciale dans la lutte sans relâche que nous menons contre un virus en mutation. Plusieurs compagnies pharmaceutiques travaillent déjà en ce sens, et AstraZeneca a déjà annoncé un nouveau vaccin d’ici la fin de cette année pour lutter contre les nouveaux variants ».
Étude inédite sur Israël
Lors de son intervention, Samer Kassem a également présenté une étude de cas réalisée en Israël. À ce jour, c’est le seul pays où plus de la moitié de la population a été vaccinée. Des études menées sur 600 000 personnes vaccinées montrent 94 % moins d’infection au sein de cette population par rapport à une population de 600 000 personnes non-vaccinées. De plus, le vaccin a évité pratiquement toutes les formes graves de la maladie, appuyant ainsi les résultats obtenus au cours des essais cliniques. « C’est un nouvel exemple qui démontre l’efficacité des vaccins et le besoin de vacciner un maximum de gens pour atteindre l’immunité collective ».
Et à Maurice…
Les participants ont eu un aperçu de la situation à Maurice où presque 7000 personnes ont été vaccinées au vendredi, 26 février. Ce chiffre connaîtra une hausse constante pour atteindre les 2 500 personnes que le gouvernement souhaite vacciner sur une base quotidienne afin d’être en mesure de rouvrir les frontières en juillet 2021. Environ 60 % de la population devra être vacciné pour atteindre l’immunité collective.
« La pandémie de Covid-19 est une situation sans précédent durant laquelle les économies ont été paralysées. Étant une petite économie, Maurice est largement dépendant du tourisme et a donc été lourdement touché. Aujourd’hui, il est d’une importance clé d’accélérer la campagne de vaccination en éduquant les gens et de faciliter les procédures afin de protéger la santé publique et surtout, l’économie puisque c’est le gagne-pain de milliers de Mauriciens qui est en jeu ».
Une séance questions-réponses a eu lieu à l’issue de la présentation avec les membres de l’assistance, qui ont mis l’accent sur le type de vaccin auquel ils doivent avoir recours et leur efficacité, en particulier face aux nouveaux variants. « La SACC (Mauritius) est reconnaissante à l’égard de notre conférencier, Samer Kassem, CEO d’Aspen Global Incorporated, pour sa présentation très intéressante. Il a fourni à l’auditoire des informations pertinentes concernant la science derrière le vaccin ainsi qu’une comparaison complète des différentes options disponibles. Il est clair que l’efficacité des vaccins contre la Covid-19 sera un facteur clé pour les industries et les marchés financiers, mais aussi pour le bien-être personnel. Nous avons vraiment la chance d’avoir un leader de l’industrie pharmaceutique pour démystifier les dernières informations. Les idées de Samer sont précieuses et importantes alors que nous nous dirigeons vers l’immunité collective à Maurice », a déclaré Bilal Adam, P.-D.G. de la SACC, lors de son discours de clôture.