illustration : christine roy / unsplash
La psychose qui atteint le système bancaire international l’amenant à un contrôle paranoïaque de pays dits « à risques », a des effets pervers qui touchent les expatriés. Le diktat des grandes banques, notamment françaises, prêtes à tous les coups bas pour plaire aux FMI, UE et autres institutions internationales aseptisées dans leurs tours d’ivoire (et aux personnels bien à l’abri de tout risque financier), est cause de bien des déboires pour les petits entrepreneurs qui ont de plus en plus de mal à ouvrir un compte à l’étranger ou, pire encore, se le voient clôturé sans autre forme de préavis. C’est qui vient d‘arriver à un Français établi sur le continent africain et qui partage ici son désarroi. A quand un vrai système bancaire alternatif ?
J.Rombi
Il y eut, voici plus de 50 ans maintenant « Le Temps des Léopards » d’Yves COURRIERE qui déroulait l’action des Paras français dans la bataille d’Alger…
Aujourd’hui, nous, les expatriés français installés dans les pays « à risques », vivons « le Temps des Salopards »…
Par Michel BRELIVET, Français expatrié en R.D Congo
« Comme de nombreux expatriés français je viens soudainement, en ce début d’année, et sans aucune explication d’être privé de mon compte professionnel et de mon compte personnel en France… Qui plus est, ma conjointe et également mon assistante commerciale est aussi sanctionnée et son compte clôturé…
Ma faute ? Travailler en R.D Congo et essayer par tous les moyens légaux de transférer et d’approvisionner mes comptes en France, soit par des virements, des dépôts en espèces, des transferts Western Union, etc…
Financer mon compte professionnel et assurer la subsistance de ma famille vivant à Brest est donc aujourd’hui devenu impossible en raison de décisions aussi stupides que brutales de nombreuses banques…
J’affirme qu’elles sont nombreuses car, dans mon cas personnel, il s’agissait il y a déjà quelques années du Crédit Mutuel de Bretagne et, aujourd’hui, de la B.N.P. Pour d’autres, en France aussi, c’est la Caisse d’Epargne, le Crédit Agricole… etc…
L’opération de clôture des comptes par un banquier et de sa propre initiative est possible, légale et prévue dès l’ouverture du compte. Ce qui est, en revanche, insupportable et inadmissible, c’est de se faire clôturer un compte sans explications et avec un préavis de 2 mois et, pour ce qui me concerne après plus de 25 ans au C.M.B et plus de 5 ans à la B.N.P…
Comment justifier cela sachant que les banques citées sont en possession des contrats de travail, des sommes prévues être transférées ou versées sur les comptes durant l’année, réclament des bilans, des documents justifiant l’activité ?
« Nous subissons, nous expatriés, le fait du Prince »
Ils sont moins regardants lorsqu’il s’agit de recueillir les fonds de certaines « Excellences étrangères » poursuivies dans le cadre des procédures dites des « biens mal acquis » dissimulant en finalité des transferts illégaux massifs d’argent détourné…
Ils sont aussi moins regardants quand il s’agit de financer des projets français ou étrangers négociés dans des conditions douteuses, avec ou sans rétro-commissions, intermédiaires foireux et corruption généralisée…
S’ils veulent des exemples j’en ai… Et la justice française aussi ! On peut en parler… En fait, nous subissons, nous expatriés, le fait du « Prince » et nous sommes sans recours…
Le Président Macron s’en était déjà ému en Côte d’Ivoire en décembre 2019 quand il dénonçait une « situation « inacceptable » : « il est anormal que les Français et les Françaises ici soient amenés à aller vers les banques étrangères parce qu’ils sont abandonnés par les banques françaises ».
Les banques répliquent qu’elles « respectent la règlementation et n’excluent pas de manière automatique des pays et que chaque situation de client est donc étudiée au cas par cas avec discernement »…
L’étude de mon cas a sans doute été différente… Sans possibilité de me déplacer pendant 6 mois (crise Covid) pour tenter de contrecarrer cette décision inique, sans demandes d’explications ou de justificatifs, de précisions complémentaires, sans tenir compte de la situation familiale, des contraintes de l’entreprise…
Le Ministre de l’Economie, Bruno LE MAIRE justifie en partie la position des banques : « les refus opposés à certaines transactions ou ruptures de relations contractuelles sont justifiées par les établissements pour des raisons de conformité »…
Cependant, ce dernier précise : « par crainte de sanctions potentiellement très lourdes, certains établissements peuvent retenir une interprétation extensive et erronée des règlementations applicables en matière de conformité »…
Monsieur le Ministre a entrepris un dialogue et escompte des résultats rapides (avant 2022 ?) parce qu’après… ? Ce ne sera peut-être plus lui…
Le seul à s’en inquiéter est semble-t-il le Sénateur LR des Français de l’Etranger, Monsieur Christophe André FRASSA, qui, destinataire de nombreux courriers relatifs au sujet déclare : « quelle humiliation, vous êtes un opérateur économique tout à fait respectable dans votre pays de résidence et tout à coup, vous avez le sentiment d’être un Al Capone des temps nouveaux, parce que votre banque vous jette du jour au lendemain… On est dans l’arbitraire absolu ». Notre Sénateur de conclure : « avec la pléthore d’outils informatiques qui existent aujourd’hui, je n’arrive pas à croire qu’un ciblage plus précis ne soit pas possible… Les banques vont au plus simple par paresse intellectuelle »…
Bien vu Monsieur le Sénateur ! Et on fait quoi maintenant ?