“Si le pays est si performant aujourd’hui, c’est que la population avance d’un même élan »
photo : J.Rombi
Start ups : les pépites de l’Africa Tech Summit.
Lors de sommet Africa Tech Summit en février dernier à Kigali (Rwanda), quelques enseignes africaines se distinguaient par leur positionnement innovant et leur business model original. Découvrez chaque semaine quelques-unes de ces « pépites numériques ».
Par Jacques Rombi
Si en 2007, la branche Technologie du groupe mauricien Harel Mallac a choisi de s’implanter au Rwanda, c’était principalement pour accompagner l’informatisation des banques locales.
Mais très vite Harel Mallac technologies a dû répondre à des marchés émanant des entreprises publiques rwandaises et burundaises où l’entreprise a également ouvert un bureau.
Nous avons rencontré Roger Ntahokagiye qui nous donne un témoignage intéressant du contexte local. Pour lui : “si le pays est si performant aujourd’hui, c’est que la population avance d’un même élan pour tourner défitivement la page du passé récent. Comme un remède, tous ensemble, nous avons dépassé les clivages ethniques et hommes et femmes avancent ensemble (50% des parlementaires sont des femmes NDLR). Les résultats sont au rendez vous avec un taux de croissance de 8 à 10%, un indice de corruption au plus bas. Il y a ici une vraie politique d’incitation aux investissements extérieurs et il est facile d’ouvrir une entreprise. L’implantation des usines d’assemblage de Volskwagen en est une des meilleures illustrations.”
Néanmoins tout n’est pas rose au pays des mille collines et le coût de la vie, relativement élevé pour un pays africain, met encore une bonne partie des Rwandais sous le seuil de pauvreté*.
« attention ! ici nous travaillons sans filet de sécurité »
C’est l’effet pervers des investissements directs étrangers (IDE) qui ont fait flamber les salaires entraînant l’inflation. Autre problème : la carence en ressources humaines qualifiées. Roger Ntahokagiye souligne combien il est encore difficile (et cher) de trouver de bons ingénieurs dans le pays même si cette tendance devrait changer rapidement.
Remarque importante du même homme à l’attention des investisseurs potentiels : “attention ici nous travaillons sans filet de sécurité, c’est à dire que les employés sont sur-protégés. Nous pouvons les former et les voir partir chez le concurrent sans préavis et surtout sans recours…”
Notons que l’enseigne mauricienne n’emploie que huit personnes sur ses deux plateformes africaines, une grosse partie des prestations restant exécutées depuis le back office de Phoenix, à Maurice !
Néanmoins, le country executive tire un bilan satisfaisant du pays : “le bilinguisme et les bonnes accessibilités nous permettent de riches relations avec nos voisins, le système de santé (et E.santé) est très performant. La politique de conférences internationales organisées ici génèrent de beaux effets de croissance locale” Et ce n’est qu’un début aux dires de Roger Ntahokagiye.
Jacques Rombi
* D’après l’UNICEF : Entre 2010 et 2015, les taux de malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans, connus sous le nom de «retard de croissance», sont passés de 44% à 38%. Cependant, les taux actuels sont encore trop élevés.