Vue de Mayotte entre les deux îles…
photo : J.Rombi
Total qui compte exploiter avec ses partenaires les énormes réserves de gaz de Cabo Delgado (Nord du Mozambique) se trouve confronté à un problème sécuritaire et logistique majeur.
Comment en effet concilier les impératifs d’une exploitation durable et rentable du site de Cabo Delgado avec les impératifs sécuritaires, les protocoles d’évacuation des expatriés travaillant sur site, les assurances, les obligations légales, les contraintes logistiques de ce Nord-Mozambique que les investisseurs et la population fuient en masse depuis la progression des islamistes qui font régner le chaos dans la région, attaquent les villages, violent, volent, tuent et décapitent à tour de bras sans rencontrer d’opposition sérieuse de la part d’une armée mozambicaine peu motivée à éradiquer le fléau djihadiste…
Il est d’ailleurs surprenant de constater que l’extension des actions terroristes correspond curieusement à la découverte des fabuleux gisements gaziers qui viendront dans les prochaines années concurrencer les champs gaziers du Qatar où les Frères Musulmans… Mais c’est un autre sujet n’est-ce pas ? Revenons à nos moutons disait le Bédouin…
L’armée du Mozambique et les sociétés de sécurité privées engagées permettront, je l’espère, de contenir la progression des djihadistes et limiter leur accès aux zones de forage, aux bases d’exploitations portuaires et aux sites terrestres de Total. Mais il n’en demeure pas moins nécessaire, et cela est prioritaire pour Total, dans ce contexte sécuritaire « explosif » de penser au plan B… Lequel plan B doit intégrer les prestations suivantes :
- Evacuer les expatriés non indispensables au fonctionnement du site de production et leurs familles vers une base arrière sécurisée en cas d’avancée des forces djihadistes, d’attentats ou de risques sécuritaires élevés.
- Permettre en toute sécurité les transports de personnels, les rotations (en shifts), les évacuations sanitaires vers et en provenance d’une base arrière totalement apte à traiter les problèmes rencontrés.
- Assurer les approvisionnements nécessaires au fonctionnement du site : transit des pièces détachées, des marchandises diverses, nourriture, des échantillons prélevés, depuis un aéroport proche relié à un réseau aérien international performant et aussi doté d’un port capable d’accueillir les « feeders » et navires de ligne des principales compagnies maritimes mondiales, seules à même de transporter à des coûts raisonnables les colis lourds, les conteneurs et autres matériels indispensables à la production et au fonctionnement du site d’exploitation.
« Je crois la solution « Mayotte » possible et souhaitable pour Total »
Ces obligations, je les connais extrêmement bien pour les avoir assumées à Djibouti et durant plusieurs années pour le compte de Total YLNG qui exploitait un site de production au Yémen et dans une région soumise aux risques terroristes. Le groupe Marill dont j’étais à l’époque le Directeur Transit, Projets et Logistique Internationale, Projets Défense, Lutte Antipiraterie et bien d’autres choses encore avait emporté la mise lors de négociations avec Total également en pourparlers avec le Sultanat d’Oman…
C’est la raison pour laquelle je crois la solution « Mayotte » possible et souhaitable pour Total et pour Mayotte car :
- Mayotte c’est un Département Français et une Région Ultrapériphérique d’Europe assurant un cadre légal connu, un état de droit, une langue française et un mode opératoire quasi identique à la Métropole, quel que soit le sujet… Des entreprises françaises de premier ordre y sont présentes. Les assureurs seront rassurés !
- Mayotte dispose d’un aéroport international et de connexions aériennes régulières et sécurisées vers la France métropolitaine. Et par des Compagnies aériennes Françaises (IATA). Ce même aéroport peut être utilisé aussi pour des vols affrétés et réguliers vers et en provenance de Cabo Delgado, comme je le faisais depuis Balhaf (Yémen) à Djibouti il y a quelques années. Il suffit de positionner l’appareil et l’équipage requis capables de transporter passagers et fret.
- Mayotte dispose d’un port en eau profonde, relié par des compagnies maritimes de premier rang (dont CMA-CGM) aux ports métropolitains et connectés aux principaux « hubs » internationaux, Mayotte dispose de facilités logistiques à Longoni, de transitaires compétents travaillant aux normes françaises et européennes, d’une Administration des Douanes, de la Police aux Frontières, etc… Non corrompue et efficace dans le traitement des dossiers. Je le sais pour avoir aussi travaillé plusieurs années à Mayotte !
- Mayotte dispose aussi d’un hôpital régional de référence qui permet d’accueillir et de soigner dans des conditions identiques à celles de la Métropole les malades ou blessés hospitalisés en urgence. C’est un sujet que j’ai également « pratiqué » pour avoir été évacué sanitairement et en urgence des Comores vers Mayotte et soigné avec succès à l’hôpital de Mamoudzou. Des évacuations sont aussi possibles pour les urgences absolues vers La Réunion.
- Mayotte dispose enfin de toutes les capacités d’hébergement pour les familles, d’écoles, de routes, d’infrastructures en état, d’immeubles de bureaux pour loger les ingénieurs et personnels administratifs de Total empêchés de rejoindre Cabo Delgado mais pouvant travailler à distance en toute sécurité et totale efficacité et appuyer ainsi parfaitement le site de production.
En résumé et pour toutes ces raisons ainsi que d’autres encore que je pourrais développer en faisant un peu plus long, MAYOTTE EST LA SOLUTION !
Il ne reste plus maintenant aux Mahorais qu’à s’approprier le projet, de le défendre et de démontrer qu’ils sont capables de s’unir sans arrières pensées pour soutenir un projet logistique de cette envergure assurant sur un long terme une activité économique précieuse et rentable dans de nombreux secteurs d’activités de l’île.
Quant à moi et à Groupe Latitudes Sud, nous serions très heureux de participer à cette belle aventure logistique et apporter une pierre à l’édifice !
Michel BRELIVET, C.E.O GROUPE LATITUDES SUD